Henry Bauchau, psychanalyste, poète, dramaturge et romancier belge de langue française, est mort le 21 septembre 2012. Pas forcément très connu du grand public, il jouissait d'une grande reconnaissance d'amateurs éclairés dans le monde entier.
J'ai découvert son œuvre dans les années 1990, lorsqu'un ami m'a offert Antigone. Aborder cette histoire très riche, après les classiques antique de Sophocle et modernes de Jean Anouilh, Jean Cocteau ou Bertold Brecht, notamment, était un défi ambitieux. À mes yeux, ce défi a été relevé avec succès par Henry Bauchau. Sa relecture du mythe atteignait une beauté et une profondeur intemporelles. J'avais été particulièrement marqué par l'art avec lequel Henry Bauchau parvenait à atteindre un lyrisme et une poésie extraordinaires avec un matériel apparemment très simple, en utilisant des phrases courtes et un vocabulaire restreint.
J'ai lu ensuite avec beaucoup de plaisir d'autres œuvres de ce grand écrivain, romans ou volumes de son Journal. Je découvrais une œuvre riche et protéiforme. Les deux traits qui me marquèrent le plus furent un riche humanisme nourri de l'expérience de toute une vie, et notamment d'une pratique psychanalytique de plusieurs années, ainsi qu'une poésie sous-jacente omniprésente. Toute l'oeuvre fait preuve d'une constante attention aux plus faibles, qu'ils soient broyés par le système (Antigone), déficients psychologiquement (L'Enfant Bleu) ou âgés (Passage de la Bonne Graine). Henry Bauchau savait également déceler les expressions artistiques à l'œuvre dans les manifestations humaines les plus humbles et avait une grande foi dans le potentiel de l'art comme moyen de donner plus de sens à toute vie.
Une œuvre à découvrir et redécouvrir, déjà un classique.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire