vendredi 22 juin 2012

Finesse psychologique des romans de Joseph Conrad

Je suis en train de lire Under Western Eyes (Sous les yeux de l'Occident) de Joseph Conrad ; comme à chaque lecture d'un de ses romans, je suis très impressionné par l'art de ce grand auteur.

On considère souvent Joseph Conrad avant tout comme in romancier maritime. Certes, il travailla dans la marine avant d'écrire des romans, certes il écrivit Le Nègre du Narcisse et Tempête (qu'André Gide, qui contribua à la reconnaissance de Conrad en France, traduisit en français ; on ne rendra jamais suffisamment justice à André Gide pour son rôle de passeur entre différentes littératures, lui qui aida à faire apprécier, et parfois traduisit, en plus de Conrad, Dostoïevski, Pouchkine et bien d'autres).

Mais Conrad est, avant tout à mon sens, un génial romancier psychologue. Avec Henry James et Virginia Woolf, il alla plus loin que ses prédécesseurs et contemporains anglophone dans l'exploration des moindre recoins de l'âme humaine. (À peu près à la même époque, en France, Proust poussait également la psychologie traditionnelle dans ses derniers retranchements, d'une tout autre façon, plus poétique, plus mouvante, moins analytique.) Ce que Joseph Conrad poussa à son maximum, ce fut probablement les possibilités d'empathie avec ses personnages offertes au lecteur. J'ai toujours été extrêmement frappé de la façon dont Joseph Conrad parvient à faire partager à son lecteur ce que des personnages pensent et ressentent, leurs idées, leurs sentiments mais aussi leurs motivations et leurs désirs les plus profonds, conscients et inconscients. Le lecteur partage complètement les impulsions les plus secrètes des personnages. À tel point que, quel que soit les actes posés par ceux-ci, le lecteur les comprend et en vient même à se dire qu'à leur place, il aurait peut-être agi de même.

Qu'il s'agisse d'un terroriste ou d'un agent chargé de le percer à jour, dans L'Agent Secret, de Lord Jim, capitaine abandonnant son navire en détresse, dans Lord Jim, du solide et apparemment si fiable Nostromo dans le roman éponyme, d'activistes russes dans Sous les yeux de l'Occident, le lecteur comprend tous ses personnages, comprend leurs motivations, voire se surprend à les partager...

Joseph Conrad est ainsi un des meilleurs explorateurs de l'âme humaine que je connaisse.

1 commentaire:

  1. Ha décidément...vous avez du goût !! (Baudoin, Conrad, tree of life.)....je vais vite dire à un ami (musicien, Jérémie Bossone, si vous êtes curieux...mais vous l'êtes)grand adorateur de Conrad (et de la gestuelle des protagonistes)qu'il y a article...!
    Je serais curieux de savoir ce que vous pensez d'Hermann Hesse...
    c'est la deuxième que je vous écrit...de nouveau merci!
    Ludovic
    http://melvic.canalblog.com/

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