lundi 23 juillet 2012

God and Science, Return of the Ti-Girls de Jaime Hernandez (2012)

For English-speaking readers, a translated version of this review is available here, on the English adaptation of this blog.

God and Science est la compilation des récits de Jaime Hernandez publiés dans les deux premiers numéros de Love and Rockets: New Stories, augmentés de 30 nouvelles pages. Lorsque je l'avais découvert lors de sa publication initiale en feuilleton, je n'avais pas été pleinement convaincu. Mais en le lisant de nouveau, dans cette nouvelle version augmentée, j'ai dû me rendre à l'évidence : ce récit, comme très souvent chez les frères Hernandez, est beaucoup plus riche qu'une apparente simplicité pourrait le laisser penser ; encore une fois Jaime Hernandez a réussi à me surprendre et à livrer un excellent livre. Il nous offre un récit en mille-feuilles, chaque couche en cachant une autre, plus savoureuse encore...

Ce récit de super-héroïnes est clairement pour Jaime l'occasion de rendre hommage à des comics qui l'ont fortement influencé et de dessiner des corps féminins en action, notamment au cours de nombreuses scènes de lutte. Comme dans Whoa, Nellie! qui se déroulait dans le monde de la lutte féminine, Jaime donne libre cours à son envie de dessiner des corps féminins courant, volant, tombant, donnant des coups, luttant au corps à corps, etc.

Au-delà d'un simili remake de Whoa, Nellie! une douzaine d'années après, God and Science est un récit de super-héros complexe et bien mené. Comme Alan Moore dans Supreme, Jaime Hernandez multiplie les flashbacks pour donner vie à tout un monde de super-héros, avec super-vilains à foison, super-héroïnes variées aux pouvoirs et aux psychologies divers, ayant vécu des aventures extraordinaires, dans des camps identiques ou opposés. Ces super-héroïnes qui ne vivront probablement pas de nouvelles aventures au-delà de celles contenues dans cet album d'une centaine de pages, nous avons pourtant l'impression que nous leur connaissons des péripéties et des mésaventures sans nombre et que leur univers est aussi riche que bien d'autres super-héros crées il y a plusieurs décennies (le simple fait d'appeler cet album Return of the Ti-Girls, alors qu'il s'agit de leur première apparition dans un comics du monde "réel", mais non leur première apparition dans un comics du monde des Locas, reflète bien ce cette mise en abyme)...

Ces super-héroïnes vivent donc une aventure passionnante avec tous les charmes que ce genre peut nous offrir : aventures cosmiques et danger menaçant l'existence de mondes entiers, voyages temporels et pouvoirs immenses, retournements d'alliances et doutes existentiels. Jaime Hernandez connaît les comics de super-héros et sait mettre en avant les charmes du genre.

God and Science est également une part intégrante de l'univers habituel de Jaime, celui de Locas. Nous retrouvons donc avec plaisir Maggie, responsable d'appartements, fan de comics (c'est d'ailleurs cet aspect qui justifie son inclusion dans l'histoire : Maggie lit les aventures des super-héroïnes qu'elle rencontre et peut ainsi les renseigner sur les forces et faiblesses de leurs ennemis) et acceptant peu à peu sa vie de quadragénaire rangée. Angel, une de ses nouvelles amies, est au centre du récit. Mais, surtout, God and Science est la conclusion des tribulations d'un des personnages majeurs de la saga Locas, Penny Century. Comme il l'avait fait avec le personnage d'Izzy dans Ghosts of Hoppers, Jaime apporte ici un terme aux nombreuses tribulations de Penny Century, dont les quêtes, souvent compliquées, semblent trouver un aboutissement ici.

Et ce n'est pas encore tout. Je ne serai pas complet si j'oubliais de souligner que cette bande dessinée est également une superbe démonstration de l'art de Jaime de dessiner conversations intimes, sentiments mêlés et doutes existentiels. Il faut voir les regards de ses personnages, les expressions de leur visage, leurs mouvements corporels pour de rendre compte à quel point la bande dessinée est un médium riche pour décrire la psychologie de personnages complexes ! L'épilogue, notamment, met en scène de façon extrêmement subtile trois personnages féminins, une femme mûre, une jeune femme et une enfant. Nous assistons à un jeu de secrets murmurés, entendus, cachés ou divulgués... Après quelques cases de regards entr'aperçus, de moments d'intimité partagés, plus personne ne sait exactement qui sait quoi... Une seule certitude : Jaime Hernandez est vraiment un des plus grands artistes de la bande dessinée.

1 commentaire:

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