lundi 19 janvier 2015

Être musulman aux Etats-Unis à l'heure du Patriot Act, vu de Bollywood

Après l'émotion suscitée par l'attentat contre Charlie Hebdo et la formidable mobilisation nationale qui a suivi, vient l'heure des débats, souvent éminemment complexes.

Parmi les principaux d'entre eux, on peut évoquer l'épineuse question de l'équilibre à trouver entre sécurité, fermeté, justice, respect des libertés individuelles et de la présomption d'innocence et refus des amalgames.

A l'heure où des voix réclament la mise en place d'un Patriot Act à la française, je ne peux m'empêcher de penser à deux beaux films qui traitent de la vie des musulmans aux Etats-Unis après le 11 septembre. Tous deux viennent de Bollywood et mettent en scène des musulmans d'origine du sous-continent indien. Je ne sais pas si des films équivalents ont été tournés à Hollywood (je dois avouer que je n'ai pas particulièrement cherché). Ces deux films sont en tout cas beaucoup plus subtils ce que pourrait laisser penser la caricature véhiculée par les médias occidentaux sur les films grand public indiens. Ils abordent en tout cas un sujet d'actualité capital : comment peut-on être muslman aux Etats-Unis après le 11 septembre ?

J'ai déjà parlé du premier sur ce blog. My name is Khan (en Inde, Khan est un nom typiquement musulman), film de 2010 rassemble une nouvelle fois le couple le plus célèbre de Bollywood, Shah Rukh Khan et Kajol, et relate les drames auxquels est confrontée une famille musulmane d'origine indienne aux Etats-Unis, face au rejet du reste de la population qui la considère comme de potentiels terroristes. Le film est parfois à la limite du pathos, mais il est souvent capable de susciter une émotion et une empathie pour ces personnages qui rencontrent des difficultés que nous avons souvent du mal à imaginer.

L'autre film se situe à un niveau moins intimiste, plus politique. Dans New York, un jeune Indien est contraint par le FBI à devenir un indicateur pour savoir si un de ses anciens amis de faculté est devenu un terroriste (ce qui est considéré comme certain par le FBI). La femme de cet ami fait partie d'une association d'aide aux personnes ayant fait l'objet d'une détention abusive dans le cadre du Patriot Act, notamment pour obtenir justice et se réinsérer dans le société après les traumatismes psychologiques qu'ils ont subis. Non-respect de la présomption d'innocence, arrestation non justifiée, détention arbitraire, chantage... La face sombre du Patriot Act est bien montré. Le film ne tombe néanmoins pas dans le manichéisme : le personnage principal a une volonté farouche de s'intégrer à la vie américaine malgré tout ; et l'agent du FBI auquel il est confronté n'est pas un Américain obtus, mais est également d'origine indienne, tiraillé entre le devoir de protéger son pays d'accueil et la compassion à l'égard des autres membres de la diaspora indienne.

Deux films qui peuvent nous aider à mieux prendre conscience de certains aspects du Patriot Act.

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