mardi 12 octobre 2010

Bananas, Critix... les revues d'Evariste Blanchet

Évariste Blanchet m'impressionne depuis longtemps. Par la qualité des revues qu'il fonde tout d'abord. Par sa persévérance ensuite.

Il est à l'origine de nombreuses revues : tout d'abord Bananas (3 numéros en 1981) et Critix (quelques numéros en 1992-1993) ; je n'ai jamais lu ces deux revues et tire mes informations de Wikipedia. Puis : Bananas de nouveau (4 numéros en 1995), Critix encore (12 numéros de 1996 à 2001), Bananas/Bananas Comix enfin (2 numéros en 2006-2007).

Les Critix sont des revues d'étude sur la bande dessinée. J'ai une nette préférence pour les revues Bananas, qui sont constituées à la fois de textes critiques et de récits en bande dessinée, inédits ou introuvables. Les textes critiques de Critix et de Bananas, écrits le plus souvent par Évariste Blanchet, Renaud Chavanne, Jean-Paul Jennequin, Christian Marmonnier et Jean-Philippe Martin, sont dans l'ensemble de très bonne tenue.

Ce qui caractérise à mes yeux le plus Évariste Blanchet est son goût à la fois très éclectique et particulièrement sûr. Pensez donc : au sommaire du n° 2 de Bananas (version 1995), on trouve des récits, inédits en France, de Fabrice Neaud et de Xavier Mussat (alors que ces deux auteurs n'avaient publié que quelques pages dans la revue Ego comme X et n'avaient pas la reconnaissance, au moins critique, qu'ils ont maintenant) de Vincent Sardon et d'Edmond Baudoin, de Charles Schulz, Guido Crepax et Robert Crumb ! dans le n° 3, une histoire complète de Steve Canyon, dans le n° 4, du Krazy Kat et du Max, pour n'en citer que quelques-uns.

Le principe est similaire avec Bananas / Bananas Comix, revue double dont deux numéros sont parus en 2006 : on y découvre de nouveaux récits inédits de Fabrice Neaud et de Xavier Mussat, des pages de Bottero, Willem et bien d'autres. Les entretiens avec Xavier Mussat, José-Louis Bocquet, Jean-Claude Forest et Frédéric Poincelet sont tous passionnants et les textes, critiques d'albums, chroniques de livres théoriques ou analyses plus générales ne déparent pas le sommaire.

Bref des revues sans équivalent, à ma connaissance, dans le monde francophone (un style un peu similaire avait été adopté par la revue Bang, mais avec des choix beaucoup plus consensuels). Certes on pouvait reprocher au Bananas de 1995 une maquette datée et peu élégante, plus proche de celle d'un fanzine que d'une vraie revue. Mais était-ce si grave ? Et en 2006, la présentation de la nouvelle version de Bananas était irréprochable.

Malheureusement, chacune de ces revues s'est arrêtée, faute de succès, au bout de quelques numéros (une bonne douzaine pour Critix tout de même). Étaient-elles trop éclectiques ? avec Fabrice Neaud (Journal) et Zep & Tébo (Captain Biceps) au sommaire d'un même numéro, le grand écart était-il trop important ? Trop ambitieuses, à la fois dans la forme (pagination élevée, papier et impression de qualité) et dans la forme (des textes pointus, sur des ouvrages parfois peu connus) ? Trop peu soutenues : peu de présence dans les librairies et peu de compte-rends dans la presse ?

Malgré ces échecs commerciaux répétés, Évariste Blanchet persiste et, régulièrement, publie une nouvelle revue. Il paraît même qu'un nouveau numéro de Bananas est envisagé pour début 2011. Tant mieux ! et longue vie à Bananas, Critix et les autres !

P.S. : On trouvera plus de détails sur la collaboration de Fabrice Neaud à Bananas sur le site Internet qui lui est consacré.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire