mardi 24 avril 2012

Bravo les Brothers, d'André Franquin (1966)

Bravo les Brothers a toujours constitué à mes yeux un des sommets de la carrière de Franquin (sommets qui sont nombreux, il est vrai...). Seule aventure de Gaston de plus de deux pages, ce récit est une exception dans l’œuvre de Franquin. Il lui permettait à l'époque de livrer à l'hebdomadaire Spirou un simili récit de son héros éponyme, personnage dont il commençant fortement à se lasser, tout en dessinant en fait une aventure de Gaston, personnage qui allait l'occuper encore pendant de nombreuses années... Un passage de relai entre deux époques de sa carrière, en quelque sorte. C'était d'ailleurs un des récits que Franquin préférait dans son œuvre (« Cette histoire, quand on me montre tous mes albums, c'est celle que je relis avec le plus de plaisir. C'est une histoire qui me fait rire, encore maintenant elle me fait rire, et cependant je ne ris pas souvent à mes propres productions, ne serait-ce que par modestie, mais enfin j'affirme qu'ici je rigole ! », déclarait-il à Numa Sadoul en 1985).

Gaston choisit d'offrir à Fantasio, pour son anniversaire, un cadeau original : trois singes savants, vendus par un cirque ne faillite. Commence alors un feu d'artifice de gags, de quiproquos délirants, de situations burlesques...

22 pages de rires et délires. Les gags s'enchaînent sans discontinuer, Gaston, Fantasio, Longtarin, Boulier, Demaesmeker, ils sont tous au rendez-vous pour nous offrir leur habituel contingent de comique de situation. Mais, surtout, leur volant la vedette à tous, il y a les trois singes. Clowns, acrobates et, pour l'un d'entre eux, alcoolique et susceptible, ils disposent d'un vaste éventail de numéros donnant lieu à d'abracadabrantesques situations comiques et déstabilisant tout sur leur passage, de la rédaction de Spirou aux forces de l'ordre. Ce qui est exceptionnel par dessus tout est le dessin de Franquin, qui prend un plaisir non dissimulé à dessiner ces singes, leurs contorsions et leurs mimiques (à Numa Sadoul qui lui demandait « D'où vient cette histoire ? » Franquin répondait « Certainement du plaisir de dessiner des singes »).

La question que l'on peut se poser maintenant est la suivante : Cela vaut-il le coup d'investir dans la réédition de ce récit, privé de Panade à Champignac (récit exceptionnel également, tant par l'humour que par le dessin) qui l'accompagne habituellement, mais complété par la reproduction des planches originales de Franquin (en noir et blanc) et d'un texte exégétique ? Comme pour le Schtroumpfissisme il y a peu, les éditions Dupuis cherchent à valoriser leurs plus grands classiques. Pourquoi pas... Personnellement, je dois avouer que je demeure très sensible aux charmes de l'album Panade à Champignac / Bravo les Brothers...

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