dimanche 23 décembre 2012

Ma sélection de bandes dessinées sorties en 2012

La fin de l'année approche. C'est le bon moment pour en dresser un rapide bilan. Cette année, je vais me plier à l'exercice pour la bande dessinée. Certaines années, c'est un peu difficile de distinguer plusieurs titres qui nous ont marqués parmi les sorties des 12 derniers mois. Ce n'est pas le cas cette fois-ci : l'année 2012 a été riche pour les amateurs de bande dessinée.

Elle fut riche et variée. En effet, nous avons pu découvrir des chefs-d’œuvre de France, du Japon et des États-Unis.

En France sont sortis L'Enfance D'Alan, magnifique album, qui, sous des dehors très simples, est une magnifique réflexion sur l'enfance et la mémoire, et Dali par Baudoin, dans lequel Edmond Baudoin, à 70 ans, parvient encore à se renouveler et à nous surprendre. On peut noter aussi la publication du premier album de Fabrice Neaud en tant qu'auteur complet depuis 10 ans, Nu Men, et les débuts de la nouvelle maison d'édition de Jean-Christophe Menu, L’Apocalypse.

Du Japon, nous avons pu découvrir la fin de la saga Kamui Den, extraordinaire épopée sociale de 6000 pages parue dans les années 1960 au Japon et sortie en France en quatre gros volumes (j'en ai parlé ici, ici, et encore ).

Aux États-Unis, les frères Hernandez ont fêté les 30 ans de Love & Rockets. Ils ont également sorti la cinquième livraison annuelle de Love & Rockets: New Stories. Celui-ci n'a pas atteint les sommets des deux numéros précédents mais n'en reste pas moins d'un excellent niveau. Jaime Hernandez a en outre publié God and Science: Return of the Ti-Girls compilation augmentée d'un récit initialement paru dans les deux premiers numéros de Love & Rockets: New Stories. Quand Jaime Hernandez, pilier de la scène alternative américaine se lance dans le comics de super héros, cela donne des résultats surprenants et fort riches. Enfin Chris Ware a sorti Building Stories, son recueil le plus important depuis Jimmy Corrigan, paru il y a plus de 10 ans. En soi, c'est déjà un événement mais quand, en plus, l'album est aussi réussi que ce dernier opus, on est vraiment face à une œuvre majeure.

Dans les nouvelles plus tristes, on a regretté en 2012 les disparations de Jean Giraud, alias Moebius, et, hors du registre de la bande dessinée, de Maurice Sendak, père des Maximonstres et de Henry Bauchau.

jeudi 20 décembre 2012

Ego et égaux, de Ben et Baudoin (2012)

Edmond Baudoin continue à se confronter à des artistes du XXe siècle. Après Pablo Picasso (dans l'Oeil et le Mot) et Salvador Dali (dans le récent Dali par Baudoin), Baudoin rencontre cette fois un auteur vivant, Ben.

À l'occasion d'une exposition organisée par la galerie Petits Papiers et dont l'objectif est de faire dialoguer, par paires, 40 artistes contemporains et 40 auteurs de bande dessinée, Ben et Baudoin ont décidé de collaborer. Alors que les autres duos choisissaient des œuvres purement picturales, Baudoin a attiré Ben dans le domaine de la bande dessinée : ils signent donc un récit de huit pages à quatre main. Ben dessine Ego qui dialogue avec un personnage représentant Baudoin, dessiné par lui-même. De quoi parlent-ils ? De femmes et d'art ; et l'on sent qu'ils n'ont pas eu de mal à trouver ces deux sujets de réflexion, qui leur tiennent visiblement à coeur à tous les deux.

Ce récit est exposé à l'exposition "Quelques instants plus tard" (après Paris, elle est maintenant visible à Angoulême, puis à Perpignan et à Bruxelles). Pour ceux qui ne peuvent s'y rendre, le magazine dBD le publie en intégralité, accompagné d'un entretien avec le duo d'auteurs.

Ce n'est probablement une œuvre majeure ni pour Ben, ni pour Baudoin, mais cette expérience de collaboration entre deux artistes d'horizons différents est très intéressante.

dimanche 9 décembre 2012

Chris Ware et Yasujirō Ozu

Je connaissais quelques affiches ou couvertures (notamment celles pour le New Yorker, dont j'ai déjà parlé) dessinées par Chris Ware. Je viens d'en découvrir une autre, réalisée pour un festival de cinéma consacré en 2008 au réalisateur japonais, Yasujirō Ozu.

Encore une fois, je suis très impressionné par l'immense talent de Chris Ware. Je trouve en effet cette affiche extrêmement réussie pour plusieurs raisons : tout d'abord, elle est très esthétique ; ensuite elle est très fidèle à l'art de Yasujirō Ozu, par ses cadrages, son thème, le silence et la mélancolie qui s'en dégagent ; enfin, en trois images, Chris Ware parvient à ouvrir la possibilité d'innombrables histoires : on peut imaginer, devant cette affiche, de nombreux récits, de nombreuses tranches de vie ; que s'est-il passé entre le premier et le troisième dessins ? la femme est-elle morte ? ou bien s'est-elle juste éclipsée à la cuisine lorsque la nuit a commencé à tomber ? comme à son habitude, Chris Ware parvient à raconter énormément de choses en peu de dessins...

Combiner tant de réussites en une seule affiche est l'apanage des plus grands. Chris Ware en fait partie...