lundi 28 avril 2014

Cloud Atlas, de Lana et Andy Wachowski et Tom Tykwer (2012)

Sous certains angles, Cloud Atlas a tout pour déplaire : le spectateur paresseux se plaindra de la multiplicité des intrigues et de la complexité du scénario (plusieurs récits se déroulant à différentes époques sont montrés en alternance, les mêmes acteurs jouent différents personnages...) ; les critiques déploreront une métaphysique simpliste (apologie de la résistance de l'individu face à des systèmes oppressants), une esthétique et un discours parfois grandiloquents et des astuces scénaristiques faciles. Résultat : le film, à ma connaissance, n'a eu aucun succès, malgré la notoriété des réalisateurs (Lana et Andy Wachowski, réalisateurs de Matrix, et Tom Tykwer) et des acteurs (Tom Hanks, Halle Berry, Hugh Grant, Susan Sarandon...).

Ceci étant dit, qu'en ai-je pensé ? Au-delà des critiques exprimées ci-dessus, pour la plupart au moins partiellement fondées, je dois bien avouer que j'ai été littéralement happé par le flux de ce film, ses intrigues parallèles et ses nombreuses péripéties, son suspense. J'ai ressenti de l'empathie pour ses nombreux personnages en passe d’être broyés par des systèmes plus forts qu'eux (système de classes sociales enrichies grâce à l'esclavage, système industriel et financier, dictature technologique, système redevenu primitif et revenu aux aléas de la force brutale...). J'ai été captivé par ce film original et passionnant.

Les auteurs de ce film ont, à mon sens, réussi à assembler leur matériel de départ, riche et disparate, en un grand moment de cinéma, plein de bruit et de fureur, d'émotion et de liberté.

Et merci à Fabrice Neaud : c'est lui qui m'a donné envie de voir ce film, après m'en avoir dit beaucoup de bien, lorsqu'il évoquait avec moi certaines des influences de sa saga Nu-Men.

dimanche 27 avril 2014

Le 6ème numéro de la revue Bananas est sorti (2014)

Comme chaque année, la revue Bananas, toujours menée par Évariste Blanchet, a sorti un numéro en début d'année. Qualité et éclectisme sont encore une fois (la sixième) au rendez-vous : analyses variées ; bilan détaillé de Top Ten d'Alan Moore, avec un passionnant entretien avec les dessinateurs de cette série ; critique de Quanticafrique, de Fabrice Neaud ; bilan des péripéties récentes de la vie de l'Association et bien d'autres choses encore !

vendredi 18 avril 2014

Gabriel Garcia Marquez (1927-2014) est mort

Chronique d'une mort annoncée : Gabriel Garcia Marquez se débattait depuis quelque temps contre la maladie. Il est mort hier, le 17 avril, à l'âge de 87 ans.

C'est l'un des plus grands écrivains du 20ème siècle qui vient de s'éteindre. Son nom est fréquemment associé au "réalisme magique", genre protéiforme qui insère des éléments surnaturels dans des situations se rattachant à un cadre historique et géographique avéré, propice aux situations narratives riches et incitant à la rêverie. Il fut l'une des figures de proue de la riche littérature latino-américaine des dernières décennies, avec Maria Vargas Llosa ou Carlos Fuentes, entre aures.

Initialement, j'avais lu quelques-uns de ses romans en français. Mais c'est en découvrant Cien años de soledad en version originale que j'ai réellement été conquis par son oeuvre. Quel que soit le talent des traducteurs, il est extrêmement difficile (voire impossible ?) de retranscrire à sa juste valeur la puissance du verbe, l'imagination verbale richissime de cet auteur hors norme. Je me suis ensuite plongé dans les méandres vertigineux de El general en su laberinto, El otoño del patriarca et autres romans dans lesquels on plonge, on se perd, on erre dans des mondes imaginaires d'une foisonnante richesse.

Gabriel Garcia Marquez s'est maintenant perdu dans un autre monde, lui qui a si souvent peint avec tendresse et poésie patriarches et vieillards à l'approche de la mort.