jeudi 14 juin 2012

Le Chant d'Apollon, d'Osamu Tezuka (1970)

Depuis le milieu des années 1990, près de 200 albums d'Osamu Tezuka ont été publiés en français. Encore cette année, deux nouveaux livres sont sortis, Alabaster et Le Chant d'Apollon. Je commençais à craindre que les éditeurs en soient maintenant réduits à fouiller les fonds de tiroir pour offrir au lectorat francophone son lot annuel de production tézukienne. Cette crainte a été entièrement levée lorsque j'ai lu Le Chant d'Apollon ; cet album n'est pas au même niveau que les chefs-d’œuvre de Tezuka tels que Phénix, L'Arbre au soleil ou L'Histoire des trois Adolf mais n'en est pas moins un excellent album.

Tezuka parvient encore une fois à aborder ses thèmes favoris (l'importance de la solidarité entre les êtres vivants, l'essence de toute vie, la folie destructrice des hommes, l'écologie) en les introduisant dans un récit original et complexe. Le thème principal de l'album est l'amour entre un homme et une femme. Shogo Chikaishi, traumatisé par la dépravation morale de sa mère, ne peut supporter la vue de deux êtres qui s'aiment. Il en devient violent et est interné en hôpital psychiatrique (on peut regretter la naïveté de la description des troubles psychiatriques dont souffre Shogo Chikaishi, mais c'était assez courant à l'époque). Là, un médecin essaie de le guérir. Shogo Chikaishi est condamné à vivre sans fin des histoires d'amour qui se terminent par sa propre mort ou celle de la femme qu'il aime. Cette intrigue débouche sur la mise en place d'histoires gigognes, imbriquées les unes dans les autres, entre lesquelles le personnage Shogo Chikaishi fait le lien. On passe sans effort du Japon contemporain à une histoire de science-fiction ou à un récit mythologique.

Avec sa maestria habituelle, Tezuka parvient à tresser ces fils narratifs si différents avec beaucoup de fluidité. Les péripéties s'enchaînent, les rebondissements font passer d'un récit à l'autre sans laisser de répit au lecteur. Le tout est, comme d'habitude, admirablement mis en scène. Et Tezuka parvient à transmettre, au moyen de ce passionnant récit feuilletonnesque, son message humaniste sur la grandeur de l'amour, sur la nécessité de prendre soin de toute vie, toujours d'actualité 40 ans après...

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