Ce qui n'est pas forcément le cas des lecteurs non francophones. D'après ce que j'ai pu en voir au cours de quelques voyages, les lecteurs anglophones, hispanophones, italophones ou germanophones n'ont pas la chance d'avoir à leur disposition un tel corpus d'œuvres traduites.
Prenons par exemple le marché anglo-saxon. Il propose certes l'Ascension du Haut Mal (Epileptic) et, depuis peu, une œuvre de Jean-Claude Forest, Ici Même. Mais, dans l'ensemble, la bande dessinée alternative francophone est davantage représentée par son versant le plus consensuel, de Persepolis de Marjane Satrapi, aux Petits Riens de Lewis Trondheim, que par ses œuvres les plus ambitieuses et les plus riches.
Ainsi les albums de Jean-Claude Forest (à part Ici Même, cité plus haut), de Baudoin ou de Fabrice Neaud, entre beaucoup d'autres, restent inaccessibles au public anglophone.
Pour ne citer que le cas de Fabrice Neaud, on peut noter qu'il n'est pourtant pas complètement inconnu de l'autre côté de l'Atlantique : Je me souviens d'échanges sur le forum Internet du Comics Journal au cours desquels il était régulièrement cité ; en 2002, Bart Beaty, un des plus fins connaisseurs américains de la bande dessinée européenne, lui consacrait 4 pages de sa rubrique 'Euro Comics for beginners' dans le Comics Journal ('Fabrice Neaud: Rewriting Our Standards') ; ce même Bart Beaty vient d'écrire un message dithyrambique dans le webzine de référence The Comics Reporter (voir ici) ; dans ce même webzine, un post donne un lien vers les photos de la dernière exposition de Fabrice Neaud disponible sur mon site Internet.
Pourtant, jusqu'au mois dernier, les lecteurs anglophones devaient se contenter du récit de Fabrice Neaud publié dans la version anglaise du collectif Japon et des mes très modestes essais de traduction disponibles en ligne sur la version anglaise du site consacré à Fabrice Neaud.
La récente mise en ligne en intégralité, sur le site d'Ego comme X, d'une version anglaise d'Émile, un des plus récits les plus riches et les plus bouleversants de Fabrice Neaud n'est en que plus remarquable. Il ne reste plus qu'à espérer que cela donne des idées à quelque éditeur anglophone...
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