Quelques lignes pour compléter certains aspects du post d'hier...
Le paysage de la bande dessinée francophone a tellement changé depuis le début des années 1990 qu'on a tendance à oublier les innovations majeures apportées par quelques auteurs singuliers il y a un peu moins de 20 ans.
Je vais parler aujourd'hui brièvement de deux de ces auteurs et de l'originalité de certains de leurs récits au sein de la bande dessinée francophone au moment de leur publication.
Trondheim tout d'abord. Il a apporté au sein de la bande dessinée indépendante d'abord, puis grand public également, plusieurs innovations marquantes (sur certains plans, il me semble qu'il y a un 'avant Trondheim' et un 'après Trondheim' dans la bande dessinée francophone). J'en retiendrai deux.
Trondheim a appelé une de ses séries les plus récentes 'Les Petits Riens' (il s'agit en fait d'une publication en format papier de son blog, lisible ici). Mais depuis le début de son œuvre, il prend un malin plaisir à nous relater son quotidien le plus banal. Il faut se souvenir de l'immense originalité d'un récit tel que 'Dans le métro' paru dans le premier numéro de Lapin, ou d' Approximativement un peu après. Très loin des épiques séries d'heroïc fantasy ou d'aventures alors en vogue, Lewis Trondheim faisait triompher dans ses planches le vide événementiel le plus trivial. Ou comment faire rire, ou tenir en haleine, avec rien...
L'autre innovation de Trondheim est l'introduction de préoccupations métaphysiques. Qu'on ne se méprenne pas sur ce terme : Trondheim n'est pas Kant ou Hegel. J'utilise ici le terme métaphysique pour caractériser des questionnements simples : pourquoi je vis ? pourquoi je vais mourir ? que faire de ma vie ?... Les interrogations de Trondheim sont simples, voire simplistes ; il n'apporte aucune réponse. Mais le fait d'introduire ces questionnements partagés par tous introduisait une dimension nouvelle dans la bande dessinée.
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