Kana a commencé à rééditer en quatre gros volumes (plus de 1 000 pages par tome...) l'intégrale de Sabu et Ichi, de Shotaro Ishinomori (1938-1998). Celui-ci est également connu pour avoir dessiné Cyborg 009.
Sabu et Ichi est un de ces nombreux mangas se déroulant au Japon de l'époque Edo avec d'innombrables combats de sabres et des héros capables de tuer une dizaine d'ennemis à la fois sans être blessés... Certes, mais il n'est pas seulement cela.
Sabu est un jeune policier, Ichi un masseur aveugle maniant extrêmement bien le sabre. Dans chaque court récit, ils enquêtent sur un meurtre. Shotaro Ishinomori est un disciple d'Osamu Tezuka et cela se voit, surtout au début : même type de dessin schématique, même mélange d'action, d'humour et d'humanisme. Mais progressivement l'influence s'estompe et, parallèlement, les récits deviennent moins enfantins. Les grands yeux et les personnages tout en rondeur s'affinent ; les intrigues vont se dérouler dans le quartier des plaisirs d'Edo.
Ce qui m'a le plus marqué est l'affranchissement progressif Shotaro Ishinomori par rapport à Tezuka dans le domaine de la mise en page. Les premiers récits adoptent le même type d'organisation de la planche que les récits de Tezuka : cases de formes très variées pour accentuer le mouvement, nombreuses lignes obliques, etc. Peu à peu, Ishinomori se réfèrent à d'autres modèles, des cases sont imitées des estampes classiques, le jeu sur le noir et blanc devient plus complexe, les personnages semblent parfois perdus dans de grandes cases toutes blanches ou toutes noires, les scènes de combat sont de plus en plus stylisées... Les intrigues sont alors parfois de simples prétextes à nous dépeindre une tranche de vie de l'époque.
Un passionnant manga dosant avec art esthétisme et lisibilité, humanisme et suspense...
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