Le palmarès du festival de Cannes 2014 vient de tomber. J'étais assez curieux de voir si Adieu au langage, de Jean-Luc Godard, allait repartir avec un prix.
L'histoire de Godard et du festival est complexe, parfois même légendaire : de la signature du contrat avec Georges de Beauregard pour À bout de souffle sur un bout de nappe de restaurant lors du festival de Cannes 1959 à ses nombreuses conférences de presse à sensations, en passant par l'interruption du festival de Cannes 1968, en solidarité avec les manifestations étudiantes...
Au-delà de la légende, Cannes et Godard, c'est aussi l’histoire d'occasions manquées en ce qui concerne le palmarès. Aucun film de Godard n'a été sélectionné à Cannes pendant la première partie de sa carrière, celle qui va de À bout de souffle en 1960 à Week end en 1967, lorsque le cinéaste était à la pointe de la Nouvelle Vague. Lorsqu’il revient sur le devant de la scène médiatique en 1979, avec Sauve qui peut (la vie), on lui reprochera souvent de ne plus être à la hauteur de ses glorieuses années 1960. Sept de ses films furent néanmoins sélectionnés à Cannes, de Sauve qui peut (la vie) à Adieu au langage. Malgré cela, il ne reçut aucun prix. En revanche, il donna de nombreuses conférences qui firent sensation, loin des habitudes de cet exercice habituellement si convenu. En 2010, il ne se rendit pas à Cannes pour soutenir Film Socialisme. Il justifia son absence par "un problème de type grec"... je ne suis toujours pas sûr d'avoir compris ce qu'il voulait dire par là. Mais, de la part de Godard, ce n'est guère étonnant.
Cette année, il a finalement reçu un prix, mais cela ressemble fort à un prix de consolation. Ce n'est pas la Palme d'Or (attribuée à Winter Sleep de Nuri Bilge Ceylan), ni le Grand prix du jury (attribué à Les merveilles d'Alice Rohrwacher). Adieu au langage a reçu le Prix du jury, en même temps que Mommy de Xavier Dolan.
Ah, cette année, il y eut aussi une lettre adressée par Godard aux responsables du festival. Mais j'en reparlerai...
J'ai beaucoup aimé son interview sur France Inter la semaine dernière, et surtout le moment où il a traité Tarantino de "faquin" : la grande classe et le choix du mot juste, même dans l'insulte !
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