En lisant récemment L'Ancien Régime et la Révolution de Tocqueville, j'ai été frappé de voir à quel point cette lecture de la Révolution est éminemment girardienne par anticipation.
Il ne s'agit pas tellement de la possible interprétation de la mort de Louis XVI comme exécution d'une victime sacrificielle permettant de mettre fin à la violence de tous contre tous et de fonder une nouvelle société sur le cadavre du Roi. Cette interprétation peut sembler tellement évidente qu'elle n'est pas forcément intéressante.
En revanche les arguments de Tocqueville pour expliquer pourquoi la Révolution a eu lieu en France plutôt que dans un autre pays européen me semble passionnants. Reprenons en quelques mots l'analyse de Tocqueville (j'ai lu ce livre il y a quelque temps déjà, mon résumé sera donc assez approximatif) : L'apparition de la Révolution en France plutôt qu'ailleurs ne s'explique pas par le fait que les Français étaient plus opprimés ou souffraient davantage d'inégalités que les autres Européens ; bien au contraire l'apparition de la Révolution s'expliquerait par une égalité plus grande parmi les Français que parmi leurs voisins. Cette égalité plus grande les a fait désirer une égalité encore accrue et a fait naître les revendications concernant la fin des privilèges.
Il s'agit là, à mon sens, d'un cas exemplaire de passage d'une médiation externe à une médiation interne au sens de René Girard. Dans une société parfaitement hiérarchisée, comme l'était la France féodale et comme l'étaient encore en 1789 certains des pays voisins, la médiation entre des individus issus de classes sociales différentes est externe : un noble constitue pour les autres classes de la société un modèle purement externe, il ne peut en aucun cas devenir un rival ou un obstacle pour un membre du Tiers État. Celui-ci étant différent, par le sang, du membre de la noblesse, il peut calquer ses désirs sur ceux du noble mais ne peut en aucun cas imaginer s'égaler à celui-ci.
Cette différenciation s'est progressivement atténuée en France. La frange la plus privilégiée du Tiers État, la bourgeoisie, a acquis peu à peu une part importante de la richesse du pays, du pouvoir politique également ; elle a même pu acquérir des titres de noblesse en les achetant. Le noble était de moins en moins un modèle inatteignable, il pouvait devenir un rival, un obstacle (on peut en voir un exemple dans le Bourgeois gentilhomme, par exemple...). La médiation, de purement externe, devenait interne. On aboutit ainsi à une situation d'indifférenciation croissante, débouchant à la fin du XVIIIe siècle, dans un schéma typiquement girardien, sur une crise mimétique, une explosion de violence de tous contre tous, qui a débouché sur le sacrifice victimaire de la famille royale et sur la refondation de la société.
On peut noter un autre point : dans un mythe traditionnel, le meurtre fondateur est ritualisé et rappelé régulièrement pour renforcer la cohésion de la société. Ce type de scénario victimaire avait toutefois perdu beaucoup de sa superbe, plus de 17 siècles après la mort du Christ et la dénonciation totale de ces sacrifices victimaires. Le rite mis en place pour commémorer la Révolution ne fut donc pas la mort réelle du Roi, nous ne fêtons pas le 21 janvier 1792 ; ce fut la mort symbolique du Roi, représenté pour cela par un de ses attributs les plus haïs, son pouvoir discrétionnaire symbolisé par la Bastille et ses emprisonnements arbitraires.
À mon sens, on peut donc lire la Révolution française, après Tocqueville, comme une crise mimétique telle que les décrit René Girard. Mais une crise mimétique déjà partiellement démythifiée, dans laquelle ce n'est plus la mort réelle de la victime sacrificielle qui est mise en avant, mais sa mort symbolique.
Il ne s'agit pas tellement de la possible interprétation de la mort de Louis XVI comme exécution d'une victime sacrificielle permettant de mettre fin à la violence de tous contre tous et de fonder une nouvelle société sur le cadavre du Roi. Cette interprétation peut sembler tellement évidente qu'elle n'est pas forcément intéressante.
En revanche les arguments de Tocqueville pour expliquer pourquoi la Révolution a eu lieu en France plutôt que dans un autre pays européen me semble passionnants. Reprenons en quelques mots l'analyse de Tocqueville (j'ai lu ce livre il y a quelque temps déjà, mon résumé sera donc assez approximatif) : L'apparition de la Révolution en France plutôt qu'ailleurs ne s'explique pas par le fait que les Français étaient plus opprimés ou souffraient davantage d'inégalités que les autres Européens ; bien au contraire l'apparition de la Révolution s'expliquerait par une égalité plus grande parmi les Français que parmi leurs voisins. Cette égalité plus grande les a fait désirer une égalité encore accrue et a fait naître les revendications concernant la fin des privilèges.
Il s'agit là, à mon sens, d'un cas exemplaire de passage d'une médiation externe à une médiation interne au sens de René Girard. Dans une société parfaitement hiérarchisée, comme l'était la France féodale et comme l'étaient encore en 1789 certains des pays voisins, la médiation entre des individus issus de classes sociales différentes est externe : un noble constitue pour les autres classes de la société un modèle purement externe, il ne peut en aucun cas devenir un rival ou un obstacle pour un membre du Tiers État. Celui-ci étant différent, par le sang, du membre de la noblesse, il peut calquer ses désirs sur ceux du noble mais ne peut en aucun cas imaginer s'égaler à celui-ci.
Cette différenciation s'est progressivement atténuée en France. La frange la plus privilégiée du Tiers État, la bourgeoisie, a acquis peu à peu une part importante de la richesse du pays, du pouvoir politique également ; elle a même pu acquérir des titres de noblesse en les achetant. Le noble était de moins en moins un modèle inatteignable, il pouvait devenir un rival, un obstacle (on peut en voir un exemple dans le Bourgeois gentilhomme, par exemple...). La médiation, de purement externe, devenait interne. On aboutit ainsi à une situation d'indifférenciation croissante, débouchant à la fin du XVIIIe siècle, dans un schéma typiquement girardien, sur une crise mimétique, une explosion de violence de tous contre tous, qui a débouché sur le sacrifice victimaire de la famille royale et sur la refondation de la société.
On peut noter un autre point : dans un mythe traditionnel, le meurtre fondateur est ritualisé et rappelé régulièrement pour renforcer la cohésion de la société. Ce type de scénario victimaire avait toutefois perdu beaucoup de sa superbe, plus de 17 siècles après la mort du Christ et la dénonciation totale de ces sacrifices victimaires. Le rite mis en place pour commémorer la Révolution ne fut donc pas la mort réelle du Roi, nous ne fêtons pas le 21 janvier 1792 ; ce fut la mort symbolique du Roi, représenté pour cela par un de ses attributs les plus haïs, son pouvoir discrétionnaire symbolisé par la Bastille et ses emprisonnements arbitraires.
À mon sens, on peut donc lire la Révolution française, après Tocqueville, comme une crise mimétique telle que les décrit René Girard. Mais une crise mimétique déjà partiellement démythifiée, dans laquelle ce n'est plus la mort réelle de la victime sacrificielle qui est mise en avant, mais sa mort symbolique.
Ici
RépondreSupprimerPIERROT, RÊVEUR ÉQUITABLE DU QUÉBEC
Bravo pour cet article extraordinaire
sur Alexis de Tocqueville
et sa lecture de la démocratie naissante
en France
Dans le cadre de mon vagabondage poétique
blogues-musée pertinents mais aléatoires
pour mon oeuvre pertinente mais aléatoire,
permettez-moi
de vous offrir
une de mes chansons
DANS UN CAFE PHILO
COUPLET 1
dans un café philo
pour des profs des ados
où la question était
q’est-il permis d’espérer?
moi l’vieux hippie
pas invité
j’me suis levé
et j’ai murmuré
REFRAIN
faut être prêt
à mourir pour son rêve
quitte à dormir dehors
car la vie est si brève
faut être prêt
à mourir pour son rêve
qiuitte à dormir dehors
car la vie est si brève
COUPLET 2
dans un café philo
pour des profs des ados
j’ai dit mort à la mort
par la vie privée oeuvre d’art
face à leurs profs
aux yeux sans vie
les étudiants
m’ont applaudi
COUPLET 3
dans un café philo
dans les yeux des ados
j’ai vu naître l’esquisse
d’un pays oeuvre d’art,
oeuvre d’artistes
de jeunes rêveurs équitables
des milliers de pèlerins nomades
allumant des millions de rêves
par des poignées de mains insatiables
REFRAIN FINAL
faut être prêt
à mourir pour son rêve
quitte à dormir dehors
car la vie est si brève
oui moi je dors dehors
qu’importe si j’en crève
parce que déjà
ma vie privée oeuvre d’art
s’achève
Pierrot
vagabond céleste
www.enracontantpierrot.blogspot.com
www.reveursequitables.com
www.demers.qc.ca
chansons de pierrot
peroles et musique
sur google,
Simon Gauthier, conteur, video vagabond celeste
merci:)))
PIERROT, RÊVEUR ÉQUITABLE DU QUEBEC:)))
NOUS FUME SNOMADES CASSANDRE
RépondreSupprimerCOUPLET 1
nous fumes nomades Cassandre
nous fumes nomades Cassandre
hier j’ai dormi
dans la forêt du labrador
j’ai fais un feu
mais j’avais froid
sans toi dehors
nous fumes nomades Cassandre
Nous fumes nomades Cassandre
hier on m’avait
donne deux sandwichs au poulet
j’aurais aimé les partager
tu me manquais
REFRAIN
tes 19 ans Cassandre
c’etait la vie
avant l’barrage de Manic 5
c’etait l’mont Wright Cassandre
avant l’enfer
d’la mine de fer
en plein hiver
c’était surtout
la jeune femelle caribou
et le vieux mâle encore debout
c’etait surtout
la jeune femelle caribou
et le vieux mâle
vagabond fou
COUPLET 2
vieux mâle au doux regard
celui d’monsieur Bernard
qui s’est battu
pour sauver son chalet du feu
avec son fils
4 nuits sans fermer les yeux
c’est fascinant à voir
un bout d’forêt toute noire
y a des souvenirs de jeune femme
qui s’enflamment au fond de soi
se consumant tout comme
un ancien feu de joie
COUPLET 3
debout je marche la vie
debout je prie la vie
pour que la riviêre de tes rêves
soit aussi belle
que la petite Manicouagan
devant laquelle j’écris
la tendresse de mes cris
parce qu’une nuit
t’as pris l’bateau
qui t’a conduite
de Bécomo à Rimouski
Pierrot
vagabond céleste
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CHANSONS DE PIERROT
PAROLES ET MUSIQUE
CASSANDRE