Je viens de terminer l'Histoire de la philosophie occidentale (de Thalès à Kant) de Jean-François Revel. Encore une fois, je suis impressionné par l'intelligence, la clairvoyance et la clarté de cet auteur capital.
Jean-François Revel n'était pas un homme de système. Entre 1957 et 2002, son œuvre a emprunté des chemins variés, de Marcel Proust (Sur Proust) à la gastronomie (Les Plats de saison), de l'histoire de la philosophie à "l'utopie socialiste" (La Grande Parade), de la poésie française (Une Anthologie de la poésie française) au bouddhisme (Le Moine et le Philosophe, écrit avec son fils, moine bouddhiste). Mais jamais il n'a cédé à la tentation des nombreux "-ismes" qui ont fleuri parmi les intellectuels de son temps. À l'heure où tout penseur français se devait de sacrifier au marxisme, au maoïsme, à l'existentialisme ou au structuralisme, il a toujours évité ces œillères intellectuelles. Ce fut d'ailleurs probablement sa plus grande force : Qu'il aborde la philosophie antique, l'œuvre de Descartes ou la vie politique française, il a toujours su garder une indépendance d'esprit et un esprit critique très rarement égalés parmi ses collègues, philosophes, intellectuels ou journalistes. Toute son œuvre est ainsi une merveilleuse leçon pour tout citoyen contemporain.
Cette indépendance à l'égard des courants dominants l'a probablement desservi auprès du public : trop difficile à ranger dans des cases précises, protéiforme, son œuvre n'a pas toujours eu le retentissement qu'elle méritait.
Je me souviens que son Sur Proust m'a fait relire certains passages d'À la Recherche du temps perdu avec un œil neuf. Son regard sur plusieurs décennies de politique dans ses mémoires (Le Voleur dans la maison vide) m'en avait fait découvrir bien des aspects que j'ignorais. Et sa vision de la philosophie (préférence pour les philosophes qui nous aident à comprendre le monde qui nous entoure, plutôt que pour ceux qui s'envolent dans des arrières-mondes métaphysiques éthérés), de Pourquoi des philosophes et La cabale des dévots à son Histoire de la philosophe occidentale m'a toujours paru particulièrement vivifiante.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire