mardi 14 décembre 2010

Le Désert Rouge, de Michelangelo Antonioni (1964)

Une femme en manteau vert se détache dans la brume sur un paysage de lande semi-désertique. Les seules constructions visibles sont de grandes installations industrielles, souvent des pylônes, et parfois des paquebots. La femme (superbe Monica Vitti) semble ne pas très bien savoir où elle va. On apprendra plus tard qu'elle a récemment été victime d'un accident ; depuis elle a de légers troubles psychologiques, elle est fatiguée, ne sait pas très bien ce qu'elle veut. Son mari peine à la comprendre. Les plans sont lents, souvent silencieux, la caméra prend son temps.

Michelangelo Antonioni aborde dans ce film des thèmes récurrents dans son œuvre : mal-être existentiel, errance, difficulté de communication dans le couple. La modernité est très présente dans ce film. Mais elle est froide et envahissante : les cheminées crachent des fumées jaunes, les radars envahissent la campagne, les appartements aux angles vifs sont trop grands. L'individu, Monica Vitti en premier lieu, peine a trouver sa place dans ce désert moderne.

Et, surtout, les images sont d'une beauté à couper le souffle. Ces paysage arides, baignés de brumes, ces villes dont les rues ne sont parcourues que par de rares passants, pourraient sembler peu cinégéniques. Pourtant, dans son premier film en couleurs, Antonioni joue magnifiquement avec les effets de flou permis par la brume, avec les cadrages, avec des contrastes de couleurs (quelques rares pointes de couleur vive tranchent sur les tons ocres de la brume et des landes). Il tire ainsi de ces situations angoissantes des scènes dont se dégage une poésie rarement atteinte au cinéma.

1 commentaire:

  1. Ah oui, quel film magnifique ! J'ai eu plaisir à m'en souvenir en lisant votre intéressant message.

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