To the lighthouse (1927), de Virginia Woolf est un de mes romans favoris. Mais sa traduction en français, à commencer par celle de son titre, m'a toujours laissé perplexe. En effet ce livre est connu majoritairement en français sous le titre de La Promenade au phare, au détriment du titre Vers le phare, probablement moins fréquent.
Je ne suis pas traducteur (en cas, pas de façon professionnelle). Mais j'ai tendance à penser que, par défaut, il est préférable de coller au plus près du texte original. S'en éloigner peut bien souvent se justifier, mais il faut avoir de bonnes raisons pour le faire. Or, si je vois beaucoup d'excellentes raisons de garder la traduction Vers le phare, la plus proche du titre original, je ne vois aucun argument en faveur de La promenade au phare.
Le premier argument en faveur de Vers le phare est sa proximité avec l'original : même sens, même nombre de mots, même rythme ; et l'on sait à quel point Virginia Woolf était attachée au rythme de sa prose.
Virginia Woolf privilégiait les titres courts pour ses romans : Jacob's room, Mrs. Dalloway, Orlando, The Waves, Flush, The Years, Betwen the acts. À chaque fois, un seul nom (sauf, en toute rigueur, pour Jacob's room) ; pourquoi vouloir en ajouter un second ?
Mais le plus grave, à mon sens, est qu'avec La Promenade au phare, on perd une grande part de la richesse du titre original : Dans To the lighthouse (comme dans Vers le phare), la préposition "To" n'a pas uniquement un sens spatial. Le phare est aussi la cible des regards et l'objectif final (notamment temporel) du roman. Y accoler la "Promenade" en fait un banal but d'excursion, lui retirant son aura, son flou qui fait toute la finesse du titre anglais...
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