« Comme à chaque fois, c'est une réussite artistique connaissant peu d'équivalent dans la bande dessinée contemporaine. » Voilà ce que j'écrivais, à l'automne dernier, pour saluer le troisième numéro de Love and Rockets: New Stories. Comme chaque année à la même période les frères Hernandez viennent de sortir le volume annuel, le numéro 4 donc, de leur périodique. Et je peux reprendre ma phrase de l'année dernière : Encore une fois, Gilbert et Jaime Hernandez ont publié un album remarquable.
Je pourrais reprendre bien d'autres choses de ma chronique de l'année dernière, notamment pour parler des quatre récits de Jaime, d'autant plus que ceux-ci sont la suite, ou au moins la continuation, des récits qu'il a publiés dans le volume 3 : Les parties 3 à 5 de The Love Bunglers poursuivent le récit des retrouvailles entre Maggie et Ray ; Return for me relate, après Browntown un autre épisode marquant de l'adolescence de Maggie. Je peux donc écrire, comme en 2010, qu'il s'agit d'un 'soap opera' extrêmement bien mené (n'hésitez pas à préparer des mouchoirs), aux ellipses parfaitement amenées (le récit se déroule à deux, voire trois, époques relativement espacées dans le temps), avec une grande maîtrise de l'euphémisme dans le récit, et un dessin aux noirs et blancs précis.
Jaime Hernandez continue, au fil des années à tisser la toile de son récit. Les personnages sont communs mais extrêmement attachants, les péripéties ne sortent pas réellement de l'ordinaire. Mais sa maîtrise du récit est telle qu'il nous livre une histoire à la puissance émotionnelle rarissime en bande dessinée. Que dire de plus ? Aujourd'hui, je ne sais pas trop. Vous pouvez également vous reporter à la critique du Comics Journal, plus détaillée et probablement encore plus élogieuse que la mienne...
Je pourrais commenter bien des choses plus en détails : le leitmotiv du téléphone portable, qui en vient à symboliser partiellement la relation entre Maggie et Ray ; les relations entre Maggie, déjà entre deux âges, et Angel, sa colocataire, qui, elle, débute sa vie adulte (elle entre à l'université, se lance dans ses premières aventures amoureuses post-adolescentes), etc. Je me contenterai de reproduire ci-dessous les deux pages qui constituent en quelque sorte le sommet de The Love Bunglers : Dans ces deux pages, en regard l'une de l'autre dans l'album, est retracée toute l'histoire de Maggie et Ray ; tout au long de leur vie, qu'ils soient proches ou moin proches, ils ont échangé des regards. Certaines scènes rappelleront des souvenirs marquants aux lecteurs assidus de Love and Rockets mais là n'est pas le plus important. Jaime Hernandez nous montre encore une fois à quel point il est capable (comme son frère Gilbert d'ailleurs) de condenser en quelques cases des trames narratives complexes.
Ce volume conclut The Love Bunglers mais représente également un aboutissement de presque toute la saga de Maggie : professionnellement, sentimentalement, notre héroïne parvient dans ce récit à rassembler des fils épars depuis près de 20 ans. Que va donc nous offrir Jaime Hernandez l'année prochaine ? J'ai hâte de le découvrir.
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