Gringo n'est pas peut-être pas le plus grand chef d'œuvre d'Osamu Tezuka. On peut lui préférer Black Jack, Phénix ou L'Arbre au soleil, par exemple. Cette bande dessinée fleuve de 600 pages, laissée inachevée à la mort de l'auteur, n'en est pas moins un excellent album.
À la fin de sa vie, Tezuka maîtrise pleinement son médium : le récit est bien mené, les péripéties palpitantes, les personnages bien campés, les mises en page sont excellentes. Mais ce n'est pas tout. Comme ses autres albums historiques (Histoire des trois Adolf, L'Arbre au soleil, Ikki Mandara) ou ses récits 'de société' traitant de sujets plus contemporains (MW), Gringo permet à Tezuka d'explorer certains pans de l'histoire et de la société du Japon. Dans cet album, il tente d'analyser ce qui fait la spécificité de l'individu japonais dans le monde contemporain. Pour cela, il a créé un personnage de Japonais 'typique' et le confronte à un monde qui est à l'opposé de ce à quoi il est habitué, l'Amérique du Sud des années 1980, entre dictature militaire et guérilla perdue dans la jungle. Encore une fois l'humanisme de l'auteur fait merveille : les pérégrinations de ces nombreux personnages aux intérêts et aux motivations divergentes, tous peints avec une certaine tendresse, loin de tout manichéisme (même si certains personnages semblent parfois simplistes, ils ne sont jamais 'tout bon' ou 'tout mauvais') nous captivent, nous émeuvent, en nous offrant en toile de fond une passionnante réflexion sur certains aspects de nos sociétés contemporaines.
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