Le Monde diplomatique vient de sortir un hors série en bande dessinée. Ce type de numéros spéciaux me convaint rarement tout à fait. Pourtant celui-ci est plutôt réussi.
La couverture, de Joe Dog, auteur sud-africain, est excellente et peut se laisser contempler et analyser un long moment.
Pour l'anecdote, on peut noter que, contrairement à la plupart des autres magazines (de Beaux Arts magazine à Marianne ou aux Inrockuptibles), le Monde Diplomatique n'a pas attendu le festival d'Angoulême pour s'intéresser à la bande dessinée.
Plus sérieusement, ce numéro est doublement réussi : par le choix des auteurs tout d'abord : Fabrice Neaud, Grégory Jarry, Joe Dog, etc. Le panel est éclectique, tant en termes d'approche de la bande dessinée que de nationalités. Par la thématique ensuite. Il ne s'agit pas d'une hors série du Monde Diplomatique sur la bande dessinée mais en bande dessinée. Dans le cas présent, la nuance prend tout son sens. En effet, ce numéro est fidèle à la ligne engagée, politique et internationale du magazine. Chaque auteur a un discours politique, voire résolument militant : que ce soit la critique par Fabrice Neaud de la rhétorique homophobe de Christian Vanneste ou le récit fictionnel de Grégory Jarry et François Ruffin sur la fermeture d'une usine, l'anecdote de Joe Dog qui aborde les rapports contemporains entre Noirs et Blancs en Afrique du Sud ou l'hymne à la ville de Beyrouth par Marzen Kerbaj, tous les récits publiés portent un regard engagé et personnel sur le monde contemporain.
Loin des discours convenus et des palmarès stériles qui sont le plus souvent au sommaire des hors séries sur la bande dessinée, le Monde Diplomatique nous montre, s'il en était encore besoin, que la bande dessinée est un média pertinent pour interroger le monde qui nous entoure.
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