lundi 29 novembre 2010

Les couvertures du Trombone Illustré, par Franquin (1977)

Les 30 numéros du Trombone Illustré, supplément "pirate" du journal de Spirou en 1977, ont marqué les mémoires de bien des amateurs de bande dessinée à plus d'un titre.

Sous l'impulsion d'Yvan Delporte et d'André Franquin, un vent de liberté et de nouveauté inhabituel va souffler dans les pages de ce supplément original. Rassemblés grâce à l'aura extraordinaire de Franquin parmi ses collègues, de nombreux auteurs talentueux vont participer à cette aventure : Alexis, Serge Clerc, Bilal, Claire Bretécher, Dany, Derib, René Follet, F'murr, Gotlib, Hausman, Frédéric Jannin, Jijé, Raymond Macherot, Mézières, Moebius, Peyo, Roba, Grzegorz Rosinski, Sirius, Tardi, Marc Wasterlain, Will... Du bien beau monde !

L'autre point marquant de ce journal atypique est que Franquin y créa ses deux derniers chefs-d'œuvre : Les Idées Noires, bien sûr, qui continueront leur existence dans Fluide Glacial après la disparition du Trombone, et les titres du Trombone...

En effet, pour 26 des 30 numéros, Franquin a dessiné un titre d'une demi-page. Et ces dessins constituent une des très grandes réussites de son œuvre. (qui en compte pourtant beaucoup) Autour des lettres "Le Trombone illustré", le dessinateur imagina une galerie de personnages qui vivaient des aventures variées (amour, voyage, décès, etc.) qui se poursuivaient de numéro en numéro. Les lettres, qui leur servaient tour à tour d'habitation, de véhicule, ou de bien d'autres choses encore, étaient elles-mêmes malmenées de bien des façons.

Qu'est-ce que ces titres ont donc de si remarquable ? Franquin est au sommet de son art de dessinateur : les personnages sont bien typés, les expressions toujours parfaitement justes, tous les détails, du relief des lettres au noir du ciel d'espace, sont extrêmement fignolés. Chacun des 26 dessins publiés est également une merveille d'humour : les situations sont burlesques, les jeux de mot idiots s'accumulent, le moindre détail est une occasion de sourire ou de rire. Enfin, un aspect constant de l'œuvre de Franquin est particulièrement mis en lumière ici : sa grande tendresse pour ses personnages. On perçoit en effet que le dessinateur prend plaisir à créer un petit monde peuplé de personnages ordinaires, avec leurs qualités et leurs défauts, leurs ridicules et leur caractère... Franquin s'attache à ce petit monde qui prend progressivement une épaisseur de plus en plus importante. Et cet attachement, cette tendresse sont communicatifs... C'est toujours avec beaucoup de tendresse et une certaine tristesse que je quitte cet univers si riche en refermant le livre compilant tous ces titres.

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