C'est la fin de l'une des plus belles aventures de l'édition de bande dessinée francophone : Jean-Christophe Menu vient d'annoncer par un communiqué lundi soir qu'il laissait L'Association derrière lui.
Pendant une quinzaine d'années, de 1990 à 2005 environ, la parution régulière d’œuvres de ses fondateurs suffisait à rendre le catalogue de L'Association particulièrement riche (sans compter que d'autres auteurs d'envergure y publiaient des œuvres marquantes). Au milieu des années 2000, avec le départ de la plupart des fondateurs (David B, Lewis Trondheim et Stanislas et Killofer) et de Joann Sfar, on avait légitiment pu se demander si L'Association allait rester une maison d'édition aussi intéressante.
La réponse fut clairement positive. Autour des albums des fondateurs restés là (les Archives et les volumes les plus récents de L'auto-psy d'un mort-vivant de Mattt Konture, les Lock Groove Comics de Jean-Christophe Menu), on a vu paraître des albums marquants d'auteurs déjà confirmés (Edmond Baudoin, Vincent Vanoli), des rééditions d’œuvres essentielles épuisées depuis longtemps (Les Sentiers Cimentés regroupant les premiers albums de Baudoin, dont les incroyables Un Rubis sur les lèvres et Le Premier Voyage, les Hypocrite de Jean-Claude Forest, quelques Gébé, etc.), les chefs-d’œuvre d'auteurs moins reconnus tels que Faire semblant c'est mentir et Chronographie de Dominique Goblet, Mon mignon, laisse-moi te claquer les fesses de Lucas Méthé, L de Benoît Jacques, les ouvrages atypiques de Florent Ruppert et Jérôme Mulot, ou, plus récemment, l'intéressant Mambo de Claire Braud ; à tout cela, il faut ajouter les trois volumes de l'Éprouvette, l'une des plus passionnantes revues critiques de bande dessinée jamais publiées et La Bande Dessinée et son double, excellent récapitulatif de plus vingt ans de pratique de la bande dessinée par Jean-Christophe Menu. Cet ouvrage pourra d'ailleurs probablement être considéré comme une forme de testament, le couronnement et la synthèse de son expérience au sein de L'Association. Tous les ouvrages que j'ai cités, et beaucoup d'autres encore, ont permis à L'Association d'être, à mon sens, l'éditeur francophone de bande dessinée le plus riche et le plus intéressant de ces cinq dernières années, pendant la période où Jean-Christophe Menu était seul (ou presque) aux commandes. Celui-ci peut donc être légitimement fier de ce qu'il a accompli à la tête de cette maison d'édition. (On a pu lire sur Internet maints articles, messages ou posts mettant en avant les défauts humains et managériaux de Jean-Christophe Menu. J'ai suivi la situation de beaucoup trop loin pour me permettre un jugement. Et, pour moi, cela n'enlève pas grand-chose à l’œuvre accomplie.)
Que va devenir L'Association ? Que va faire Jean-Christophe Menu ? je n'en sais rien mais le fait que leurs chemins divergent marque la fin d'une belle et riche aventure...
On parle beaucoup de l'Association, des remous tout ça, le site Actua BD
RépondreSupprimeraime beaucoup réagir à tout et n'importe quoi sur le sujet. Dès qu'il
s'agit de taper sur J-C Menu, l'un de ses gestionnaire, Didier Pasamonik,
le fait, de manière parfois totalement haineuse, et surtout hallucinante
dans les forums, tout en se revendiquant journaliste...
Mais...
Quand j'envoie les propos de Stanislas, fondateur de l'Association, (dont,
soi-dit en passant, le site de soutien aux salariés prétend par ailleurs
avoir voulu l'associer aux changements récents) en commentaire sur le site
d'Actua BD ça ne passe pas!
Bravo pour l'objectivité!
Voici ce que dit Stanislas :
DBD. Avant de nous quitter, difficile de ne pas évoquer la situation de
L’Association, une structure éditoriale dont vous êtes l’un des membres
fondateurs. On ne vous a pas vu lors de la houleuse, mais finalement très
polie assemblée générale, tenue en avril dernier, ce alors que vous étiez
sur la liste des membres fondateurs...
Stanislas. Dans cette triste affaire, j’ai toujours soutenu Menu face aux
salariés grévistes et au tapage médiatique quelque peu mensonger et
malhonnête qu’ils ont produit. Le sachant, ils m’ont sèchement fait
comprendre que je n’avais plus ma place au sein de L’Association.
DBD. Que leur reprochez-vous ?
Stanislas. Ils critiquent publiquement le caractère parfois despotique de
Menu, mais je peux vous dire que leur comportement n’est guère plus
démocratique. Aujourd’hui, les salariés demandent à Menu de faire des
livres plus commerciaux afin de pouvoir sauver leurs salaires. C’est grave
d’en arriver là, et ça va à l’encontre de la philosophie fondatrice de
L’Association.
DBD. Qui est ?
Stanislas. De continuer à publier une bande dessinée d’avant-garde et non
de faire vivre quelques salariés, même si bien sûr je respecte leur
volonté de défendre leurs postes. Je constate, un peu triste,
qu’aujourd’hui ce sont les salariés qui semblent avoir pris le pouvoir à
L’Association... sans aucune légitimité. Après la grande démission
collective des membres cofondateurs, il y a cinq ans, j’ai continué à
publier quelques albums à L’Association, et puis j’ai fini par prendre mes
distances.
http://www.dbdmag.fr/
Merci pour ce complément très intéressant.
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