Je ne peux pas m'empêcher de venir compléter le post d'hier, et ceux qui l'ont précédé, sur Le Portrait d'Edmond Baudoin. Pourquoi ai-je tenu à écrire ces longues lignes d'analyses, page après page, de cet album ? Qu'ai-je voulu montré ?
Je souhaitais mettre en avant le fait que Baudoin utilise de nombreux codes narratifs, classiques ou plus innovants, propres à la bande dessinée ou partagés avec d'autres arts visuels, pour mieux servir son récit, mieux nous faire ressentir les émotions des personnages, partager leurs réflexions et apprécier toute la poésie qui se dégage du bout de chemin que nous partageons avec eux. J'ai essayé de montrer que ces codes narratifs sont nombreux et variés : le dessin s'adapte aux différents personnages (écriture en capitale d'imprimerie et cases aux traits apparents et droits pour l'homme ; caractères manuscrits en italique, lignes courbes et cases détourées pour la femme) ou aux différentes émotions ressenties par ces personnages (dessin qui devient flou lorsque Michel apprend que Carol a passé la nuit avec Charles). Baudoin utilise également de nombreuses rimes visuelles (les arbres desséchés, le « trou banc ») et des codes graphiques originaux pour symboliser les émotions de certains personnages (les silhouettes de Carol). La forme dialoguée de l'album, à la fois au cœur du récit (l'histoire du peintre et de son modèle) et du livre lui-même (alternance de textes écrits par Baudoin et d'extraits de lettres de la « vraie » Carol) et la mise en abyme des tentatives de portraits (les essais de Michel sont représentés dans l'album par autant de tentatives de portrait réalisées par Baudoin) contribuent également à la richesse exceptionnelle, à la profondeur psychologique et à la poésie de ce chef-d'œuvre.
Quasiment autodidacte (il n'était pas un grand lecteur de bandes dessinées avant de débuter dans le métier), Baudoin n'a pas été freiné par « ce qui se fait ». Au contraire, il n'a jamais hésité à développer de nouveaux moyens d'enrichir la lecture de ses récits.
Voilà. J'espère vous avoir donné envie de lire ou de lire cet album. Et peut-être vous ai-je fait découvrir des richesses que vous n'y aviez pas encore vues...
Le Portrait est mon préféré! Dix ans que je le lis...
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