Années 1970.
Alix de Jacques Martin (du Dieu Sauvage à L'Empereur de Chine, 1970-1983, Belgique).
Après des années d'aventures très classiques, sur les pas de Hergé et d'E.P. Jacobs, Jacques Martin introduit progressivement dans ses récits des personnages de plus en plus complexes et de moins en moins manichéens qui éclipsent de plus en plus les fades Alix et Enak.
Blueberry de Jean-Michel Charlier et Jean Giraud (de La mine de l'Allemand perdu au Bout de la piste, 1972-1986, Belgique et France).
Jean-Michel Charlier a toujours été un grand feuilletoniste. Mais cette série occupe une place à part dans son œuvre. Ses intrigues dans Blueberry se complexifient au fur et à mesure que les albums ajoutent leur lot de personnages et de rebondissements nouveaux. La vision de l'Ouest, notamment le sort des Indiens, gagne en intérêt au fil des albums. L'ensemble est magistralement mis en image par Jean Giraud, dont le dessin évolue sans cesse et qui n'a guère son pareil pour nous montrer les grands espaces de l'Ouest américain, la foule des villes champignons et la trogne patibulaires des truands sans foi ni loi.
Maus d'Art Spiegelman (1972-1991, États-Unis).
Aborder l'Holocauste en mettant en scène des souris et des chats... Spiegelman ose avec beaucoup de finesse et d'imagination ce défi inimaginable avant lui. (P.S. de 2012 : 25 ans après, Spiegelman est revenu sur la conception de ce chef-d'oeuvre dans un ouvrage multi-média passionnant, MetaMaus.)
Comanche de Greg et Hermann (1972-1983, Belgique).
Rarement les personnages d'un western ont été si humains. Red Dust est un cow boy mal dégrossi, loin d'être sans peur ou sans reproche. Greg, fin connaisseur de l'Ouest américain, en donne une peinture épique certes, mais néanmoins plus réaliste que beaucoup d'autres.
Œuvres d'Osamu Tezuka (Phénix, L'Histoire des trois Adolf, Black Jack, Gringo, etc., 1973-1989, Japon).
Osamu Tezuka a publié des centaines d'histoires, des milliers de page. Ses récits vont du plus enfantin au plus sordide, du comique au tragique, du récit historique à la science-fiction en passant par le drame intimiste contemporain. Ses mises en page sont d'une inventivité rarement égalée. Un des plus grands, si ce n'est LE plus grand, conteur de la bande dessinée mondiale.
Folles Passions de Kazuo Kamimura (1973-1974, Japon).
Le trait de Kazuo Kamimura, héritier des calligraphes chinois et des peintres d'estampes japonais, est superbe. Les scénarios de ses récits ne sont pas toujours à la hauteur mais cette évocation de certains moments de la vie d'Hokusai est une réussite.
Œuvres de Moebius (Le Bandard Fou, Cauchemar Blanc, Le Garage Hermétique, Arzach, L'Homme est-il bon ?... 1974-1979, France).
En une demi-douzaine d'années, Moebius révolutionne la bande dessinée francophone. Ses récits déjantés ne ressemblent à rien de connu et il utilise ses immenses talents de dessinateur pour explorer de nouveaux horizons graphiques.
The Cage de Martin Vaughn-James (1975, Royaume-Uni).
Un récit sans aucun personnage. Pendant près de 200 pages, l'auteur 'met en scène' un monde sans vie. Une expérience de narration unique pour les amateurs de gageures narratives.
Alack Sinner de Carlos Sampayo et José Muñoz (1975-1997, Argentine).
Flic, puis privé, chauffeur de taxi, et finalement sans emploi, Alack Sinner est un antihéros qui erre dans les rues de New York, confronté à la 'simple' difficulté d'être homme, amant et père. Beau noir et blanc de Munoz, admirateur d'Alberto Breccia.
Œuvres de Francis Masse (1976-1990, France).
Comment aborder en quelques pages de bande dessinée la mécanique quantique ou l'art contemporain ? La réponse se trouve dans l'œuvre protéiforme et désopilante de Francis Masse. Auteur majeur des années 1970 et 1980, il a fini par délaisser la bande dessinée, lassé par l'incompréhension du public...
Le Café de la plage de Régis Franc (1977-1981, France).
Dans cette œuvre du début de sa carrière, Régis Franc fait preuve d'un art du dialogue et de la mise en scène exceptionnel.
Idées Noires d'André Franquin (1977-1983, Belgique).
Dépressif, André Franquin nous livre son chant du cygne avec ces idées noires désopilantes. À la même époque, il nous offre également, avec les couvertures du Trombone Illustré, le pendant optimiste et tendre à ce chef-d'œuvre de l'humour noir. Et, bien entendu, le dessin est toujours aussi magistral.
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