mercredi 16 mars 2011

Ma bédéthèque idéale, 2e partie : des années 1940 aux années 1960

Années 1940.

Blake et Mortimer d'Edgar P. Jacobs (1946-1971, Belgique).
Des intrigues très bien ficelées au rythme parfaitement travaillé. Une recherche constante d'amélioration ont également conduit Jacobs à innover constamment, sur la plan graphique notamment dans les domaines de la composition des planches et de l'utilisation de la couleur au service de l'ambiance de ses récits.

The Spirit de Will Eisner (1946-1952, États-Unis).
Un héros masqué qui arrête des bandits en sept pages. Cette trame de base devient un simple prétexte au lendemain de la Guerre. Les récits deviennent alors un mélange d'innovations formelles, d'humour et de descriptions plein d'humanité et de tendresse de seconds rôles attachants.

Uncle Scrooge de Carl Barks (1947-1965, États-Unis).
Employé dans une multinationale américaine du divertissement, Carl Barks a critiqué l'appât du gain au travers de Picsou et a inventé une foule d'antihéros loin d'être des modèles qui allaient marquer des millions de lecteurs.

Pogo de Walt Kelly (1948-1975, États-Unis).
Un trait tout en rondeur extrêmement plaisant et des récits délirants où chaque case renferme de nombreux gags. Ces histoires sont malheureusement épuisées en français comme en anglais mais il est possible d'en lire quelques-unes sur Internet (notamment sur cet excellent blog).


Années 1950.

Mad de Harvey Kurtzman et al. (1952-1956, États-Unis).
Harvey Kurtzman, accompagné de dessinateurs virtuoses (Wally Wood, Will Elder, Jack Davis, etc.) révolutionne avec Mad l'humour en bande dessinée. Parodies, second degré, arrières-plans délirants. René Goscinny, qui fut leur ami, et Gotlib, entre autres, s'en souviendront...

Peanuts de Charles M. Schulz (1955-1965, États-Unis).
Que dire à propos des Peanuts ? À la fois l'une des bandes dessinées les plus vendues (voire la plus vendue) au monde et l'une des plus appréciées de la critique. Quelques enfants et animaux dans un monde sans adulte mais pas sans cruauté. Pauvre Charlie Brown...

Master Race de Bernard Krigstein (1955, États-Unis).
De cet auteur, je ne connais que ce récit de huit pages, récemment publié dans un hors série de Beaux-Arts magazine (dont l'achat est amplement justifié par ce récit à lui seul). Extraordinaire évocation du génocide, quinze ans avant Maus.

L'Éternaute de Héctor Germán Oesterheld et Francisco Solano López (1957-1959, Argentine).
Peut-être la meilleure bande dessinée de science-fiction. Oesterheld invente des extra-terrestre terrifiants et crédibles et nous narre les mésaventures d'humains ordinaires devant les affronter.

Lucky Luke de René Goscinny et Morris (des Rails sur la prairie au Fil qui chante, 1957-1977, Belgique).
Goscinny et Morris revisitent l'ensemble de l'histoire de l'Ouest avec beaucoup d'humour.

Astérix de René Goscinny et Albert Uderzo (d'Astérix le Gaulois à Astérix chez Rahazade, 1959-1987, France).
Comique de situation, critique sociale, jeux de mots, finesse psychologique (ah, La Zizanie...), humour visuel : Tout contribue à faire de cette bande dessinée une des plus drôles qui soit. Avec cette série Goscinny montrait au grand public francophone que la bande dessinée ne s'adressait pas exclusivement aux moins de 15 ans. Des mêmes auteurs, on pourra lire Oumpah-Pah, très drôle également.


Années 1960.

Œuvres d'Alberto Breccia (à partir de Mort Cinder, 1962-1993, Argentine).
Un des dessinateurs les plus innovants que je connaisse. Ses recherches formelles et graphiques n'ont guère équivalent dans la bande dessinée.

Œuvres de Robert Crumb (depuis 1963, États-Unis).
Dessinateur exceptionnel, fin autobiographe et peintre social subtil.

Œuvres de Jean-Claude Forest (de Barbarella à Enfants, c'est l'Hydragon qui passe, 1964-1984, France).
Un des plus grands poètes (avec Fred, mais dans un autre genre) de la bande dessinée francophone. Textes ciselés et imaginatifs, dessins pleins de fougue et de liberté.

Mafalda de Quino (1964-1973, Argentine).
Mafalda est une gamine impertinente qui pose un regard sans concession, mais très drôle, sur sa famille, son pays et le monde qui l'entoure.

Gaston Lagaffe d'André Franquin (des Gaffes en gros à la Saga des gaffes, 1965-1982, Belgique).
André Franquin est, à juste titre, un des auteurs les plus admirés de la bande dessinée francophone. Son garçon de bureau, aux inventions loufoques, élève la paresse au rang des beaux arts.

Philémon de Fred (depuis 1965, France).
L'univers du A est riche en poésie et en personnages loufoques. Fred brise tous les carcans de la bande dessinée traditionnelle, tant narratifs que graphiques.

Achille Talon de Greg (1966-1977, Belgique).
Avec Achille Talon, désopilant petit bourgeois pédant et bavard, Greg, auteur prolifique, scénariste pour Hergé et Franquin et talentueux rédacteur en chef du journal Tintin entre 1965 et 1974, livre son chef-d'œuvre.

Corto Maltese de Hugo Pratt (de La Ballade de la mer salée à Fable de Venise, 1967-1981, Italie).
Sur les pas de Stevenson, de Conrad et de Borges, avec Pratt souffle un vent d'aventure romanesque dans la bande dessinée.

Valérian et Laureline de Pierre Christin et Jean-Claude Mézières (1967-2010, France).
Une série d'aventure de science-fiction d'où le second degré n'est jamais absent. Le superbe et très imaginatif dessin de Mézières au service des intrigues de Christin, introduisant dès les années 1960 de l'écologie et du féminisme, entre autres, dans ses intrigues.

Rubrique-à-Brac de Marcel Gotlib (1968-1972, France).
Après avoir été coaché par René Goscinny dans les Dingossiers, Marcel Gotlib réinvente la bande dessinée d'humour francophone en quelques années avec sa Rubrique-à-Brac, notamment sur les pas des auteurs de Mad.

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