mardi 29 mars 2011

Ma bédéthèque idéale (5) : Années 1990

Années 1990.

Cages de Dave McKean (1990-1996, États-Unis).
Après des années à dessiner dans un style photographique, hyper-réaliste et assez vain, Dave McKean laisse enfin éclater tout son talent. Il parvient dans cette chronique de la vie d'un immeuble à laisser de côté sa virtuosité et nous livre un récit plein d'émotion.

La Vache de Stephen Desberg et Johan de Moor (1992-1999, Belgique).
Une des grandes réussites de la fin du magazine À Suivre. Loin de ses séries réalistes habituelles, Stephen Desberg livre des récits très drôles, avec une critique habile de nos sociétés contemporaines (notamment dans leurs relations avec les anciennes colonies africaines). Johan de Moor illustre le tout avec son dessin plein d'humour et d'une folle inventivité. Une bande dessinée d'humour très imaginative.

Acme Novelty Library de Chris Ware (depuis 1993, États-Unis).
Tout fait œuvre dans un livre de Chris Ware, des publicités au courrier des lecteurs, du format de l'ouvrage à la mise en case. Cet auteur hors du commun met son immense talent de composition des cases et des pages au service de récits souvent déprimants mais extrêmement riches. Son dernier ouvrage Lint, continue à creuser son sillon tout en apportant encore son lot de nouveauté et de surprise.

Journal d'un album de Dupuy et Berbérian (1994, France).
Le récit de l'écriture d'un volume de la série Monsieur Jean. Dans cet ouvrage autobiographie, Dupuy et Berbérian nous livrent un récit plus profond que dans leurs séries de fiction et nous offrent une œuvre phare de l'autobiographie francophone en bande dessinée. Le tout avec un dessin d'une grande élégance.

Dropsie Avenue de Will Eisner (1995, États-Unis).
Plus de 40 ans après le grandes heures du Spirit, une vingtaine après être revenu à la bande dessinée, en pionnier du 'roman graphique', Will Eisner nous livre le chef-d'œuvre de sa deuxième carrière. Dans ce récit relatant 100 ans de la vie d'un quartier, Will Eisner met tout son humanisme et tout son talent de raconteur d'histoires.

Livret de phamille de Jean-Christophe Menu (1995, France).
Une des œuvres phares de l'autobiographie en bande dessinée. Jean-Christophe Menu, également éditeur majeur et théoricien passionnant et polémique, nous livre plusieurs courts récits, dans lesquels il met en scène de multiples 'moi' dans des aventures familiales.

Journal de Fabrice Neaud (depuis 1996, France).
Fabrice Neaud digère les œuvres qu'il apprécie, d'Edmond Baudoin à Marcel Proust, de Cages à Akira, pour nous offrir une autobiographie sans équivalent, à la fois par la pertinence et la profondeur du propos, la richesse des thèmes abordés et l'impressionnante innovation formelle. On attend le volume 5 depuis presque 10 ans...

L'Ascension du Haut-Mal de David B (1996-2003, France).
Le récit poignant d'une famille confrontée à l'épilepsie (le Haut Mal) d'un des enfants. Le narrateur se réfugie dans le dessin et l'imaginaire. Le dessin très personnel de David B (avec un noir et blanc très contrasté et quasiment sans profondeur) rend parfaitement les angoisses de ce petit monde.

Conte Démoniaque d'Aristophane (1996, France).
Le récit d'une guerre entre démons dans les enfers. Un scénario à l'ambition démesurée (comment traiter un tel sujet dans les années 2000 sans tomber dans la parodie ou le grand-guignol) et un dessin très 'organique' parfaitement en phase avec le récit.

Ping Pong de Taiyō Matsumoto (1996-1997, Japon).
Taiyō Matsumoto est un dessinateur exceptionnel, au style d'une folle expressivité mais ses scénarios ne sont pas toujours à la hauteur. Ping Pong est une excellente introduction à son œuvre.

L'Autoroute du soleil de Baru (1996, France-Japon).
Le chef-d'œuvre de Baru, Grand prix à Angoulême en 2010, est le fruit de la commande d'un éditeur japonais. Baru traite dans cet album de thèmes peu fréquents en bande dessinée, le sort des classes populaires dans les régions qui se désindustrialisent, l'immigration, la montée de l'extrême droite. Le tout avec un dessin très personnel, fondé sur le mouvement et l'expressivité des personnages, et une mise en scène très cinématographique.

Universal War 1 de Denis Bajram (1998-2006, France).
Un récit de science fiction au propos très ambitieux. La richesse du récit ne se dévoile que progressivement, au cours des différents volumes (la sage en compte 6). Le dénouement ne déçoit pas (ce qui est malheureusement trop rarement le cas dans les histoires de ce type) et donne surtout envie de reprendre la lecture de l'ensemble de ces albums...

Donjon de Joann Sfar, Lewis Trondheim et al. (depuis 1998, France).
Sfar et Trondheim, tous deux d'une grande inventivité, réinventent le feuilleton populaire, passant de la comédie à la tragédie et faisant travailler sur la série de nombreux dessinateurs, pour la plupart très talentueux.

2 commentaires:

  1. Quand je pense aux années 90, je me remémore le nombre de fois que j'ai lu et relu les deux premiers albums de Sylvain Chomet et Nicolas de Crécy : "Léon la Came" et "Laid, pauvre et malade". Je les considère comme deux chefs-d'oeuvre d'humour noir. J'avais bien aimé la série "Le Pont dans la vase" scénarisée paar Chomet aussi mais hélas un peu trop confuse pour être considérée comme exceptionnelle. Pourtant le sujet était follement original et déroutant.

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  2. J'avais également beaucoup apprécié ces deux albums. Je dois avouer que je ne m'en souviens qu'assez mal. Il faudrait que je les relise...

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