Cet été, je me suis replongé dans un court essai vivifiant, Pour en finir avec le travail, de Xaxier Patier. C'était doublement d'actualité, en cette saison de vacances et en cette période de hausse continue du chômage...
Par certains aspects, et malgré d’importantes différences entre ces deux livres et entre ces deux auteurs, cela m'a fait penser à un essai de Renaud Camus consacré à un sujet similaire, Qu'il n'y a pas de problème de l'emploi, publié en 1994.
Il ne s'agit pas d'essais sociologiques solidement étayés scientifiquement, avec force diagrammes et tableaux statistiques, ni de bases pour des programmes politiques (Renaud Camus ne s'était pas encore lancé ouvertement dans une carrière politique discutable). Ces courts essais contiennent quelques idées souvent paradoxales voire provocantes, presque toujours enrichissantes, sur le travail tel qu'il est considéré dans notre société contemporaine. Que l'on ne se méprenne pas : ni Xavier Patier, ni Renaud Camus ne font l'éloge de la paresse ou du ne rien faire. Ils déplorent en revanche la sacralisation du travail (principalement sous sa forme salariée) et la dévalorisation de toute activité non rémunérée, quel que soit l'apport de celle-ci à l'individu ou à la société ; ils protestent contre le dogme du « Hors du travail salarié, point de salut » qui met au ban de la société les chômeurs, voire les femmes au foyer et les retraités (ceux-ci étant tolérés comme consommateurs parfois relativement nantis). Xaxier Patier commence par s'interroger sur l'utilisation qui a été faite des gains de productivité énormes effectués depuis des décennies. En s'appuyant sur quelques anecdotes truculentes et instructives, il critique quelques tendances de la société française qui, notamment en imitant avec trop peu de recul certains modèles étrangers, ont fait évoluer les notions de travail et de loisir pour les encadrer dans des limites rigides et peu épanouissantes pour chaque individu.
Cet essai ne révolutionne pas forcément la métaphysique du travail, il n'apporte pas de solutions immédiates au problème du chômage. Mais, grâce à ses questions bien posées, par ses mises en perspective historiques, à l'aide de ses paradoxes assumés, il permet de réfléchir sur de nouvelles bases à un sujet compliqué et d'une importance capitale pour notre société, celui de l'occupation de chacun de ses membres.