mercredi 30 janvier 2013
mardi 22 janvier 2013
La Dinde Sauvage, de Joe G. Pinelli (2013)
Les éditions Ego comme X viennent de rééditer deux récits marquants de la bande dessinée autobiographique : Melody de Sylvie Rancourt (initialement publié en sept volumes auto-édités, entre 1985 et 1989) et La Dinde Sauvage de Joe G. Pinelli (initialement publié en trois volumes, aux éditions PLG, entre 1996 et 1999).
Pinelli est enseignant aux beaux-arts de Liège mais il a parfois du mal à rester en place. Il saisit alors différentes raisons pour partir à l'aventure. Dans les premières pages du livre, il s'agit d'une foire pour éleveur de chiens. Il relate ses pérégrinations de façon plus ou moins chronologiques, entrecoupées de nombreux apartés. On apprend progressivement que des motivations plus personnelles, liées aux dernières volontés d'un élève récemment suicidé, guident également ses pas : cet élève a en effet semé des galets, accompagnés d'un message à déchiffrer.
Sur cette trame autobiographique de base, Pinelli narre de façon assez libre ses tours et détours, à la fois géographiques et psychologiques. C'est l'occasion pour lui de rencontrer des individus auxquels il s'attache parfois et de promener son lecteur dans de superbes paysages. De rues inondées d'Angoulême en sentiers de montagne, de champs de maïs en chemins forestiers, des rues de Paris à celles de Liège, Pinelli excelle à rendre l'atmosphère et la beauté de lieux très divers.
Je ne saurai trop vous conseiller de suivre Pinelli dans ses pérégrinations ; il vous fera découvrir des hommes et des femmes aux personnalités riches et diverses et des paysages où il fait bon se perdre...
dimanche 20 janvier 2013
Crise des magasins culturels et petite anecdote
C'est la crise dans les magasins culturels. Virgin est en cessation de paiement. Le Monde titre sur la crise qu'affrontent ces chaînes de magasins. Je vais profiter de ces circonstances pour vous raconter une anecdote qui m'est arrivée il y quelques jours...
Je souhaitais acheter deux disques. J'ai décidé d'aller dans un magasin d'une chaîne culturelle bien connue pour les acheter. Après tout, c'est important de soutenir le commerce physique et c'est souvent agréable de discuter avec les vendeurs.
Me voici donc dans le magasin en question. Je ne trouve pas les deux CD en rayon ; je m'approche donc d'un vendeur pour lui demander s'ils sont disponibles...
De retour chez moi, je suis donc allé sur un site de vente en ligne et j'ai commandé les deux CD, qui étaient facilement disponibles. Les CD y étaient moins chers qu'en magasin (dans le cas qui m'intéressait, - 25 %) ; je les ai reçus quelques jours après sans problème ; et, côté contact humain, c'est à peu près aussi chaleureux (au moins le site Internet me remercie de ma visite une fois que j'ai effectué mes achats...).
mercredi 16 janvier 2013
Dans les griffes de la Vipère, Spirou et Fantasio 53, de Yoann et Vehlmann (2013)
Il faut que je me rende à l'évidence : j'aime beaucoup la reprise de Spirou Par Vehlmann et Yoann. J'avais déjà écrit du bien du précédent opus de la série, La Face Cachée du Z. Le 53e volume de la série, Dans les griffes de la Vipère, me convainc tout autant.
Je pourrais répéter bien des choses que j'avais écrites à propos de la La Face Cachée du Z. Le dessin de Yoann est toujours aussi dynamique (j'avais dû évoquer un croisement entre Franquin et Blutch...). Les histoires de Vehlmann sont toujours aussi drôles et enlevées.
Cet attachement de ma part à Spirou n'est pas dû principalement à un effet madeleine pour une série qui a bercé mon enfance. En effet, je suis la plupart du temps imperméable à ces revivals de séries à succès ; la sortie d'un nouveau Blake et Mortimer, Lucky Luke ou Tanguy et Laverdure m'indiffère complètement. La comparaison avec les nouvelles aventures de Blake et Mortimer est d'ailleurs frappante. Alors que les deux gentlemen britanniques sont momifiés (leurs nouvelles aventures se déroulent dans les années 1950 et 1960), en totale contradiction avec l'esprit du créateur de la série (E.P. Jacobs plaçait toujours ses personnages dans des aventures à la pointe de l'actualité), les aventures de Spirou et Fantasio bénéficient d'un renouvellement constant, tout en gardant une très grande fidélité à l'historique de cette série déjà âgée de 75 ans (1938-2013).
Vehlmann parvient à trouver un très bon équilibre dans cet album entre humour et aventure (la marque des meilleurs albums de la série, de QRN sur Bretzelburg à Spirou à New York), entre figures historiques de la série et renouvellement des personnages et des intrigues. Côté figures historiques, nous avons Champignac, le comte et le maire ; Seccotine ; les deux Turbotractions ; Don Vito Corleone très brièvement ; et surtout, le grand retour de la rédaction du Journal de Spirou (tout tourne d'ailleurs autour de la vente du journal, concrétisée par un contrat signé par nos deux héros)... Pour le renouvellement, nous avons une plongée dans la vie réelle des lecteurs avec Ninon, jeune lectrice, candidate stagiaire particulièrement dégourdie, un grand concours lancé par le journal et remporté par une grand-mère qui envoie la première le SMS qu'il faut et des adversaires modernes : les armes du "méchant" sont l'argent, des avocats, des contrats et des procès...
Enfin, Vehlmann trouve un très bon équilibre entre 1er et 2e degrés : les aventures, courses poursuites et rebondissements sont dignes des grandes heures de la série, Spirou est un jeune héros sans peur et sans reproche, toujours prêt à secourir la veuve et l'orphelin et à protéger ses amis. En même temps, il y a un jeu constant sur le double statut de Spirou, à la fois héros vivant des aventures "réelles" et héros et symbole (d'où le retour régulier du costume de groom) d'un magazine et d'une vieille série ; à ce titre, il intéresse le richissime homme d'affaire entraperçu à la fin de l'opus 52, qui collectionne les héros célèbres, de "Batguy" à "Indie Jones", en passant par un aviateur et un détective. Je ne vois guère qu'Alan Moore, dans ses séries Tom Strong et Supreme pour réussir un mélange aussi réussi de pastiche et de parodie.
Si vous souhaitez découvrir d'autres aventures récentes de Spirou, Fantasio et Spip, je vous conseille vivement d'aller jeter un coup d'oeil au blog de Lucas Méthé sur le site de son éditeur, Ego comme X. Il nous y livre des aventures légèrement iconoclastes de nos héros. Son modèle avoué, pour le dessin comme pour l'esprit, est Jijé : Fantasio retrouve sa personnalité de zazou fantasque, Spirou est un jeune homme confronté aux extravagances de son ami dans des aventures ancrées dans le quotidien. C'est disponible ici.
lundi 14 janvier 2013
Encore une superbe couverture de Chris Ware pour le New Yorker
Chris Ware a déjà dessiné un certain nombre de couvertures pour le New Yorker (j'en parlai ici), magazine américain prestigieux, célèbre notamment pour la qualité de ses dessins de première parge (Art Spielgelman, Sempé, Robert Crumb, Dan Clowes, Jacques de Loustal, entre beaucoup d'autres, ont ainsi réalisé d'excellentes couvertures pour cet hebdomadaire).
À l'occasion de la tuerie qui a eu lieu à l'école de Newton, Chris Ware a dessiné une nouvelle fois une superbe et très émouvante couverture, pour le numéro du New Yorker du 7 janvier 2013.
jeudi 10 janvier 2013
Rififi à Angoulême : Nouveau mode d'élection du Grand Prix
De même que l'élection du Prix Nobel dans le monde de la littérature, l'attribution annuelle du grand Pirx d'Angoulême à un auteur de bande dessinée fait chaque année l'objet de débats animés : "il est trop élitiste", "il est trop populaire", "pourquoi est-ce presque toujours un Français ?", "à quand l'élection d'un scénariste ?"... C'est d'ailleurs un sujet que je me suis également amusé à aborder à plsuieurs reprises ("Les futurs grands prix d'Angoulême, vus de l'autre côté de l'Atlantique", "Jean-Claude Denis grand prix d'Angoulême", "Pronostics pour le Grand prix d'Angoulême 2010").
Les années précédentes, l'académie des Grands Prix (c'est-à-dire les auteurs ayant reçu le Grand Prix depuis la création du Festival en 1974) se réunissait pour élire le nouveau Grand Prix. Ce mécanisme de cooptation a pu soulevé quelques critiques : les auteurs étaient parfois soupçonnés de copinage et certains cercles d'auteurs se connaissant bien étaient plutôt bien représentés ; certains auteurs, déjà âgés, étaient réputés mal connaître certaines nouvelles tendances de la bande dessinée mondiale, en particulier l'émergence du manga.
Il vient d'être annoncé que le mode d'élection changeait cette année, pour le 40e Festival. 16 auteurs ont été pré-sélectionnés (par qui ? sur quelle base ? je ne sais pas). Ce seront aux auteurs présents lors du festival de faire leur choix parmi ces 16 auteurs. Pourquoi pas. Il faudra voir comment cela se passe les prochaines années : est-ce qu'un auteur restera dans cette liste de pré-sélection jusqu'à ce qu'il soit élu (ou qu'il meure...) ?
Que dire de cette pré-sélection ? Pas grand chose, en fait. Elle semble fondée sur une approche très consensuelle, après prise en compte des critiques adressées à l'élection des Grands Prix des années précédentes : elle ne contient pas uniquement des dessinateurs mais aussi des scénaristes (Pierre Christin, Jean Van Hamme, Alan Moore). Elle est internationale avec des anglophones (Posy Simmonds, Alan Moore, Chris Ware), des Japonais (Katsuhiro Otomo, l'auteur d'Akira, Akira Toriyama, celui de Dragon Ball Z, et Jirô Taniguchi) ansi que Cosey (suisse), Willem (néerlandais), Marjane Satrapi (iranienne ou franco-iranienne), Lorenzo Mattoti (Italien). Il y a des jeunes et des moins jeunes (notamment Hermann, cité depuis des années comme Grand Prix potentiel), des auteurs plus ou moins grand public (cela reste néanmoins très consensuel et tous les auteurs sélectionnés ont connu un certain succès public), etc.
Reste maintenant à voir qui sera le Grand Prix finalement élu. Si cela pouvait être Chris Ware, cela serait parfait...