Sous certains angles, Cloud Atlas a tout pour déplaire : le spectateur paresseux se plaindra de la multiplicité des intrigues et de la complexité du scénario (plusieurs récits se déroulant à différentes époques sont montrés en alternance, les mêmes acteurs jouent différents personnages...) ; les critiques déploreront une métaphysique simpliste (apologie de la résistance de l'individu face à des systèmes oppressants), une esthétique et un discours parfois grandiloquents et des astuces scénaristiques faciles. Résultat : le film, à ma connaissance, n'a eu aucun succès, malgré la notoriété des réalisateurs (Lana et Andy Wachowski, réalisateurs de Matrix, et Tom Tykwer) et des acteurs (Tom Hanks, Halle Berry, Hugh Grant, Susan Sarandon...).
Ceci étant dit, qu'en ai-je pensé ? Au-delà des critiques exprimées ci-dessus, pour la plupart au moins partiellement fondées, je dois bien avouer que j'ai été littéralement happé par le flux de ce film, ses intrigues parallèles et ses nombreuses péripéties, son suspense. J'ai ressenti de l'empathie pour ses nombreux personnages en passe d’être broyés par des systèmes plus forts qu'eux (système de classes sociales enrichies grâce à l'esclavage, système industriel et financier, dictature technologique, système redevenu primitif et revenu aux aléas de la force brutale...). J'ai été captivé par ce film original et passionnant.
Les auteurs de ce film ont, à mon sens, réussi à assembler leur matériel de départ, riche et disparate, en un grand moment de cinéma, plein de bruit et de fureur, d'émotion et de liberté.
Et merci à Fabrice Neaud : c'est lui qui m'a donné envie de voir ce film, après m'en avoir dit beaucoup de bien, lorsqu'il évoquait avec moi certaines des influences de sa saga Nu-Men.