La rentrée est déjà bien avancée mais tant pis, je ne peux résister à l'envie de partager avec vous quelques lectures estivales.
Commençons par quelques livres qui ne sont pas forcément d'actualité (à moins d'estimer que les chefs-d’œuvres sont toujours d'actualité...) : J'ai profite de l'été pour relire les trois premiers tomes de Barbarella. Je ne m'en lasse décidément pas. À chaque fois je suis stupéfait par l'art de Jean-Claude Forest, l'inventivité apparemment sans limite des péripéties (si l'imagination a été quelque part au pouvoir a la fin des années 1960, c'est bien dans l'univers de Barbarella), la poésie des textes, la liberté et la beauté des dessins... Et dire que ces chefs-d'œuvre sont épuises depuis des années en France ! (Heureusement que l'Association a au moins réédité les trois Hypocrite et Mystérieuse, matin, midi et soir, autres chefs-d'œuvre de Forest.)
Ta Mère la Pute est un poignant témoignage sur la vie dans une "cité" et, plus généralement sur l'absurdité et la fragilité de toute vie humaine
J'ai déjà écrit, longuement (ici et là, voire ici pour les anglophones), le bien que je pensais de Kamui-Den. Mon enthousiasme n'a pas diminué a la lecture du quatrième et dernier tome, au bout de 6 000 pages passionnantes. Cette superbe saga s'achève dans les cris et les larmes, la révolte et le sang. Au fond, ce n'est pas très étonnant dans la mesure où l'auteur cherche avant tout a montrer l'injustice et le caractère oppressif du système social de l'époque. Je connais extrêmement peu d’œuvres (à part peut-être La Porte du Paradis, de Michael Cimino, au cinéma, ou Germinal, d'Émile Zola, en littérature) qui parviennent ainsi à critiquer un système social en mettant en scène une galerie nombreuse de personnages doués d'une personnalité a la fois individuellement et collectivement. Bref une épopée sociale absolument unique.
Au Travail, d'Olivier Josso, a bénéficie d'un excellent accueil critique. Il a été beaucoup écrit qu'il renouvelait l'autobiographie en bande dessinée. Si c'est le cas, ce n'est pas au niveau du récit ; la trame d'Au Travail est très classique : angoisses enfantines, perte d'un parent, redécouverte de souvenirs longtemps enfouis lorsqu'il faut trier l'habitation d'une grand-mère qui vient de disparaitre... L'originalité vient bien davantage de la forme. Le narrateur était, depuis ses plus jeunes, très amateur de bande dessinée. Tout le livre reprend des dessins de classiques franco-belges, Lucky Luke, Astérix et, surtout, La Mauvaise Tête, d'André Franquin, et en offre une relecture très personnelle. Le papier orange (souvenir de celui qu'Olivier Josso utilisait dans son enfance, l'omission fréquente des bordures des cases, un dessin souvent flou (comme pour faire percevoir l'effacement progressif de la mémoire), parfois a la limite de l'abstraction, contribuent également a faire d'Au Travail une œuvre autobiographique originale et attachante.
L'été est vraiment fini. Je vous retrouve donc dans quelques jours pour évoquer quelques lectures de la rentrée...
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