Guido Buzzelli (1927-1992) est un auteur italien de bande dessinée trop méconnu. C'est pourtant probablement en France qu'il obtint le plus de reconnaissance, lorsqu'il fut publié dans les années 1970 dans quelques revues de référence comme Charlie Mensuel, À Suivre, Pilote, Circus, Métal Hurlant, etc. Ses oeuvres furent longtemps très difficiles à trouver en album. Heureusement, depuis 2018, Les Cahiers Dessinés ont eu l'excellente idée de rééditer ses réalisations majeures. Les deux premiers volumes compilaient certaines de ses bandes dessinées les plus célèbres (Le Labyrinthe, Zil Zelub, L'Agnion, La révolte des ratés...) et le troisième rassemblait essentiellement des illustrations. Le quatrième tome, qui vient de sortir, ne comprend qu'un seul long récit de 102 pages dessinées entre 1973 et 1974, sur un scénario de Kostandi : HP.
Comme les volumes précédents, ce livre est un éblouissement graphique. Le scénario, sans être médiocre, n'est pas non plus exceptionnel. Il est en tout cas bien de son époque : le récit se passe dans un avenir post-apocapylptique. La vie en ville est trop contrainte, ce qui pousse de nombreux habitants à partir mener une existence frustre et semi-nomade dans les campagnes : la liberté plutôt que le confort ; c'est la fable du Loup et l'Agneau encore revisitée. Le prétexte du récit est l'envoi par la ville d'un cheval mécanique, HP (pour "Horse Power"), dans les campagnes pour en observer les habitants. Ceux-ci, pensant qu'HP est un vrai cheval, pourvu de qualités exceptionnelles, cherchent à le capturer, connvaincus qu'il leur facilitera la vie. S'en suivent scènes de poursuite à cheval, affrontements entre gens des villes et des campagnes, allers et retours entre l'environnement ultramoderne des cités et les landes dévastées hors des murs.
Cela permet à Buzzelli de mettre en valeur tout son immense talent graphique. Corps en mouvement, rocailles et, surtout, chevaux en action : le dessinateur est dans son élément et son dessin hachuré est à son zénith. Page après page, case après case, les morceaux de bravoure s'enchaînent.
Pendant plus de 100 pages, le lecteur est emporté dans une cavalcade effrénée, à la poursuite de cet HP insaisissable...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire