J’avais déjà lu quelques ouvrages de Matthias Lehmann (l'excellente La Favorite entre autres) dont j’avais beaucoup apprécié, notamment, le dessin richement hachuré. Mais je connaissais globalement assez mal son œuvre.
Voyant que Jean-Christophe Menu, entre autres, recommandait très chaudement son dernier ouvrage, Chumbo, j’ai fini par l’acheter. Je viens de le lire avec beaucoup d’intérêt et énormément de plaisir.
Cet ouvrage massif (360 pages, parfois très denses, avec de nombreux personnages) relate la vie compliquée d’une famille brésilienne entre 1937 et 2003. La postface de l’auteur suggère qu’il s’est assez largement inspiré de la famille de sa mère.
Nous suivons donc les mésaventures d’Oswaldo Wallace, riche industriel de Belo Horizonte, dans le Minas Gerais, de sa femme, et de leurs enfants, deux garçons, Severino et Ramires, et trois filles, Adélia, Ursula et Berenice. Dès les années 1930, ces enfants croisent d’autres personnages, l’associé de leur père, l'un de ses hommes à tout faire, une famille de ses ouvriers, qu’ils recroiseront tout au long de leurs vies, dans des circonstances extrêmement variées. Les choix politiques des deux aînés, à deux opposés du spectre politique, leur feront vivre des situations très contrastées.
La diversité des personnages, la variété des choix de vie effectués par ceux-ci, permettent de dresser un tableau très riche de l’Histoire du Brésil pendant plus de 60 ans, avec une attention particulière sur la période de la dictature militaire qui a sévi au Brésil entre 1964 et 1983.
Matthias Lehmann nous offre ainsi un récit historique particulièrement réussi, dans lequel la petite histoire se mêle à la grande, pour en mettre en lumière certains aspects ; dans lequel l’humanité et la variété des personnes viennent faire prendre conscience de la complexité des événements historiques.
Pour conduire efficacement ce récit assez dense, l’auteur multiplie les modes de narration et les compositions, alternant dessins en pleine page et planches découpées en de nombreuses cases, passages muets et pages au texte bien fourni, événements tragiques et épisodes grotesques, etc. Le tout dans un noir et blanc sobre et élégant aux hachures rappelant la gravure sur bois, si caractéristiques de son style.
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