Je suis actuellement plongé dans le 5e volume de la monumentale Chronologie d’une œuvre que Philippe Goddin a consacré à Hergé. Le principe de cette série est ambitieux : il s’agit d’effectuer une recension exhaustive de l’œuvre de Hergé, des planches de bande dessinée, bien sûr, aux couvertures et illustrations diverses pour des livres ou des magazines (principalement Le Petit Vingtième, Le Soir et Tintin), en passant par le moindre album à colorier, la plus anecdotique illustration pour une publicité ou une boîte de crayons. Les ouvrages sont très richement illustrés. De nombreuses images sont extraites des albums, parfois fortement agrandies ; le plus intéressant demeure les très nombreux dessins inédits en album. Il peut s’agir de cases de bande dessinée non reprises en album (la plupart des albums ont été retouchés maintes fois, Hergé cherchant à chaque fois à atteindre une plus grande efficacité dans le récit), de la quasi-totalité des dessins inédits cités plus haut ou de nombreux documents de travail. Ces derniers sont constitués essentiellement de croquis d’attitude jusqu’aux années 1950 puis, à partir de Coke en Stock (et du 6e volume de Chronologie d’une œuvre) de crayonnés de planches (puisqu’à partir de cette époque les crayonnés n’étaient plus encrés directement mais étaient reproduits au moyen de calque avant de fournir la base à la planche originale).
L’iconographie de cette collection est donc extraordinairement riche. Dans ce 5e volume de Chronologie d’une œuvre, nous voyons Hergé atteindre son âge classique. Sa méthode de travail se perfectionne. Son dessin atteint sa pleine maturité, les scénarios atteignent l’équilibre le plus juste entre action et humour, entre éducation et divertissement. Nous assistons au dessin de la nouvelle version du Sceptre d’Ottokar. Les originaux de la première version de cet album étant coincés à Paris à cause du conflit mondial, il fut entièrement redessiné avec la précieuse assistance d’E.P. Jacobs pour les costumes et les décors. Hergé conclut Les Sept Boules de cristal, laissé plusieurs mois dans l’attente, après la fin du Soir « volé » (comprendre : par les « collaborateurs ») à la fin de la Guerre, et poursuit avec Le Temple du Soleil, dans le tout nouveau Journal de Tintin.
Il envisage ensuite un Tintin dans la lune, sur un scénario de son ami Jacques van Melkebeke, avant de passer à la reprise de L’Or Noir, que l’invasion allemande avait laissé inachevé. Côté illustrations, nous découvrons les premières illustrations de la série Voir et Savoir (illustrations didactives consacrées à l’histoire des costumes, de la marine, de l’aviation, etc. ; les dessins techniques étaient confiés à E.P. Jacobs, puis à Jacques Martin et étaient accompagnés d’une illustration humoristique mettant en scène Tintin et Milou, de la main d’Hergé) ainsi que les travaux nombreux travaux effectués pour le Journal de Tintin : couvertures, en-têtes de rubriques, etc. On peut notamment voir de nombreux dessins humoristiques dessinés dans un style assez différent de celui employé pour les aventures de Tintin : très enlevé, il est plus proche du dessin de presse que du style auquel Hergé nous avait habitué. Chaque illustration est reproduite avec le plus grand soin et nous pouvons en admirer tous les détails.
En ce qui concerne les texte, Philippe Goddin effectue un travail de maniaque : la chronologie est suivie au jour le jour et rien ne nous est épargné : du nom de tous les collaborateurs (déjà nombreux à cette époque, environ cinq ou six personnes) au moindre relevé de compte que son éditeur fournissait à Hergé. On pourrait regretter (mais ce n’est peut-être pas l’objectif de cette Chronologie) un certain manque de prise de recul et très peu d’analyse critique. Les dessins ne sont que très rarement analysés, ce qui fait leur beauté et leur efficacité n’est pas du tout étudié.
Il faut bien noter également le principal défaut de cette collection : son prix élevé, même si celui-ci peut se justifier par l’ampleur de la tâche et la qualité de l’ensemble. Quoi qu’il en soit, nous avons la chance de disposer ainsi d’un document de tout premier ordre sur l’œuvre si riche de Hergé.
C'est en effet un travail remarquable, mais je me demande si cette absence de recul critique que j'ai aussi constatée ne vient pas du fait que l'ouvrage est publié aux éditions Moulinsart dont on sait à quel point elles balisent, encadrent et finalement étouffent toute analyse "indépendante" de l’œuvre d'Hergé.
RépondreSupprimerJ'ai pensé également à une éventuelle "censure" de la part de Moulinsart (peut-être totalement intériorisée par Philippe Goddin, d'ailleurs).
RépondreSupprimerEn même temps, une analyse critique peut être essentiellement positive (et donc tout à fait acceptable, à mon sens, par Moulinsart) : il pourrait s'agir par exemple de repérer des pages ou des cases particulièrement remarquables et d'analyser leurs qualités, montrant la force de la composition, la finesse des attitudes des personnages, la subtilité des couleurs, etc.
Nous devons revenir sur le problème de certains qui se prétendent expert en oeuvre de Hergé, des, qui ne sont du reste pas contemporain à Hergé comme l’est, Monsieur Dominique MARICQ, et qui aurait une fâcheuse tendance à parler au travers de leur chapeau, pourvu que ça mousse, celle de l’affaire des fausses déclarations par Philippe GODDIN au sujet des authentiques dessins de Tintin au Pôle Nord de 2004, dont l’authenticité est confirmée par : l’échange de courrier de Hergé et l’ambassade à Montréal des années 50, au sujet des véhicules Bombardier, puis la notable et flagrante marque d’authenticité de la fameuse bouille ronde du Tintin première génération, sans parler de l’écriture qui est tellement , celle de Hergé. Fausses rumeurs et fausses allégations confortées aussi par Monsieur TORDEUR, du reste, et les deux ont, d’autres parts, par ailleurs, été pris à faire d’autres fausses déclarations douteuses sur l’authenticité de vrais œuvres de Hergé en 2008, mais qui ont été contre-balancées par celle de Monsieur Dominique MARICQ, qui lui, est véritablement, beaucoup plus compétent, pour dire si un document est de la main de Hergé. Devons nous rappeler le coup où il a été émis un doute sur l’authenticité d’une des quatre couvertures originales ( surtout celle de Quick et Flupke ) du Petit vingtième de notre Feu Stephane Steeman. Et enfin le plus beau , le plus flamboyant dans l’imposture, lorsqu’il a été validé dernièrement le Tintin à la langue de vache, du fameux Tintin au Québec - Hergé au cœur de la révolution tranquille de Tristan DEMERS, paru aux éditions Hurtubise en 2009, dessiné par Yves RODIER quand il était bénéficiaire des subsides de l’état canadien , mais pulsé par les élans initiatiques de Feu Réal Filion en 1986, au 10365, rue Saint-Maurice, Loretteville, ( Province de Québec ), Canada, lequel Tristan DEMERS , a volontairement occulté les plus grandes pièces de collection sur Hergé au Québec pour s’être abstenu de les faire figurer dans son ouvrage, pour ne pas avoir à faire face à l’analyse implacable du collectionneur-expert qui aurait démasqué l’imposture du Tintin à la langue de vache sans équivoque. Du reste DEMERS a bien attendu le décès de Réal Filion pour publier son ouvrage. Alors nous voici avec Monsieur Daniel MAGHEN, qui enfin est un véritable expert pour l’appréciation des oeuvres de Hergé. Enfin un vent optimiste dans le monde de la bande-dessinée, surtout pour ré-hausser le bas niveau rendu par certains escrocs pénibles et dévastateurs qui ont pignon sur rue ( genre Librairie Rackam ou BD Verdeau ) ou qui sont aussi sur Ebay, sabotent, maquillent et vendent à des prix prohibitifs et scandaleux les albums ( des deux en un quelque fois ), objets précieux et rares qu’ils bidouillent pour leurs donner un aspect soit disant meilleur pour appâter les crétins médiocres qui n’ont pas encore compris que l’objet non retouché a beaucoup plus de valeur que celui retouché. Le BDM mentionne clairement que l’objet retouché vaut 5 à 10 % de sa cote parce qu’il est incomplet.
RépondreSupprimerChristian Daumier